La guerre des étoiles (Star Wars)
de George Lucas (1977)

Bin quoi ? Vous voulez que je vous raconte l'histoire du film peut-être ? Ou que je vous raconte le genèse, ou comment George Lucas a été influencé par tel film ou telle lecture ? Non, mais ça va pas, non !? Star Wars est de ces films qui ont marqué l'histoire du cinéma, et la mienne aussi. C'est un de mes premiers grands souvenirs de cinéma, une révélation, une ouverture sur un nouveau monde, ou les rêves d'une autre personne se concrétisent aux yeux des autres. Alors, je ne parlerai pas de ses qualités ou de ses défauts et je conçois tout à fait que l'on n'aime pas, mais tout le monde connaît ce film. Aussi, quelle ne fut pas ma surprise de voir qu'il n'avait jamais été proposé au FRCD, et bien voilà, grâce à moi (ou à cause), c'est chose faite !

L'étranger

       

Un monde parfait (A Perfect World)
de Clint Eastwood (1993)

Rocka

       

La chèvre (La chèvre)
de Francis Veber (1981)

J'ai beau avoir vu ce film 7 ou 8 fois, à chaque fois que je le regarde, je me régale toujours autant. Les gags s'enchaînent à un rythme trépidant, cotoyant le bon et l'excellent. Ce qui fait la force du film c'est son scénario béton avec ce formidable duo que forment François Perrin et Campana, l'alchimie parfaite entre la brute et le rêveur, la force et la bêtise, la logique et la malchance. C'est là que Veber a du génie : prendre Pierre Richard (qu'il avait déjà dirigé) et le mettre en face de Gérard Depardieu. Et là, on se retrouve en face d'un des meilleurs duos de comiques que le cinéma m'ait donné de voir. Dans cette réussite, il faut aussi saluer le perfectionnisme de Francis Veber qui s'emploie à tout faire pour coller à son scénario, avec cette célèbre anecdocte, organiser un casting de "nez" pour que Depardieu réussisse à y glisser ses doigts dedans (indice 2). La chèvre est une grande comédie populaire qui passe les années avec brio et qui a rejoint le panthéon des grands classiques du cinéma français.

L'étranger

       

Le Père Noël contre les Martiens (Santa Claus Conquers the Martians)
de Nicholas Webster (1964)

Harry Hausen

       
Format 1.85 signalé sur IMDB

Matewan (Matewan)
de John Sayles (1987)

Lors de mon arrivée chez les Glanches, conséquence directe de la rocambolesque "affaire L'étranger" que les anciens aiment à se raconter, arborant un sourire narquois, au coin du feu virtuel, le néophyte que j'étais est resté pendant des heures devant une des captures. Ce film-là, tu l'as vu, crétin me morigénais-je (oui, quand je m'insulte, je me tutoie) mais impossible de remettre un titre dessus avant les indices. Il s'agissait d'un film de John Sayles. Des gars qui organisent un jeu aussi maboul et qui proposent des films de John Sayles ne peuvent pas être totalement mauvais conclus-je avant de signer le cœur léger mon contrat glanchien (avec mon sang et pour l'éternité ; ça rigole pas chez les Glanches). Aujourd'hui je paye mon tribu à l'addiction née ce jour-là en vous proposant un film de John Sayles à mon tour. Et quel film ! Matewan fait écho à Salt of the earth. Ici aussi il est question de dignité chèrement acquise par la création d'un syndicat qui permet aux plus faibles de faire valoir leur droits à une époque, pas si éloignée, où les patrons réglaient les différends par les armes et où les ouvriers payaient leurs revendications de leur sang. Les habitués des films de Sayles se côtoie dans cette ode à la lutte sociale et à la fraternité de classe. Chris Cooper en krypto-syndicaliste, David Strathairn, en chef de la police locale cherchant désespérément à ne pas se laisser dépasser par les funestes événements qui se profilent, ou Mary McDonnell, campent des personnages complexes, christiques et emblématiques. Et que dire de James Earl Jones, leader des mineurs noirs importés par les patrons pour briser la grève lancée par les mineurs italiens déjà sur place, sinon qu'il mérite d'être reconnu pour autre chose que sa voix. Ajoutons le somptueux travail d'Haskell Wexler auquel ne rend pas hommage l'indigne édition recadrée du film en dvd, travail qui, par son naturalisme ciselé, donne une force inouïe à cette histoire tristement et exemplairement vraie. A telleoir ce film de John Sayles, c'est comme écouter une chanson de Woody Guthrie ou lire un livre de John Steinbeck, c'est capturer une parcelle de l'âme de l'Amérique.

Pasco Meisner

       

Tueurs nés (Natural Born Killers)
de Oliver Stone (1994)

Même pays, autre genre. Qu'est-ce qui n'a pas été dit ou écrit, en bien et surtout en mal sur ce monument outrancier, exaspérant, grand-guignol et pourtant si intrinsèquement cinématographique ? Que l'on aime (j'en suis, hop, le coming out, c'est fait) ou que l'on déteste (j'en vois d'ici) on ne peut nier la valeur emblématique de ce film pour les années 90 : nouveaux codes visuels, nouvelle approche narrative, scandale, réflexion (en gros sabots) sur la violence gratuite glorifiée par des médias vampires avides de sang frais. Le souvenir de l'hypnotique triple séance à la suite au Normandie le jour de la sortie du film m'a marqué pour longtemps. Un film expérimental grand public avec ses effets réussis et ses effets ratés, ses excès et ses tentatives, son ridicule assumé et ses véritables prouesses de comédiens, ça mérite, sinon le respect du moins le coup d'œil. Il y a à boire et à manger dans ce film mais jamais l'assiette ni le verre ne sont vides ou tièdes et c'est déjà beaucoup. D'autant que presque 15 ans après l'Histoire tend à lui donner raison : I've seen the future, baby: it is murder !

Pasco Meisner

       

Opération Lune (Opération Lune)
de William Karel (2002)

Documentaire n'ayant pas eu l'honneur d'une sortie en salles (mais cet affront a été réparé par l'édition d'un beau DVD), Opération Lune n'en demeure pas moins l'un des plus épatants films de William Karel (connu pour son magistral - au sens premier du terme - Le monde selon Bush). Suite à une commande d'Arte, William Karel révèle un lien curieux (du matériel optique utilisé sur Barry Lyndon) unissant Stanley Kubrick et la NASA. Menant alors son enquête auprès de sommités (Henry Kissinger, Donald Rumsfeld ou l'ancien directeur de la CIA, Vernon Walters, personnage mystérieux et charismatique proposé en Question...), Karel déniche des archives confidentielles très intrigantes (comme ce curieux dialogue entre Armstrong et Aldrin, en Indice 1), se trouve emmené sur des pistes inexplorées, et arrive progressivement à l'hypothèse a priori invraisemblable que, les Etats-Unis ne disposant pas de la technologie suffisante pour envoyer des images en direct de la Lune, la fameuse vidéo montrant Neil Armstrong effectuant son "petit pas pour l'homme" est en fait une vidéo tournée sur Terre par Stanley Kubrick (Indice 2), en studios, à la demande de Richard Nixon lui-même. Refusant d'entrer dans la facilité de la théorie du complot (il ne s'agit pas tant de remettre en cause le voyage d'Apollo mais de réfléchir sur l'impact des images, en particulier pendant la Guerre Froide) pour se contenter des témoignages des principaux protagonistes de l'époque, Karel livre un documentaire édifiant sur le pouvoir des images, sur la manipulation de masses, et sur la puissance infinie des fantasmes. Et puisque la liste des innombrables qualités de cette oeuvre déroutante reviendrait à en dévoiler le charme, je ne saurais trop vous inviter à découvrir par vous-même l'incroyable histoire de The Dark Side of The Moon !

Ed Crane

       
Précision :
il s'agit d'un court métrage

Skin Deep (Skin Deep)
de Yousaf Ali Khan (2001)

13 minutes coup de poing, sans fioritures, pour décrire l'aberrant parcours d'un jeune d'origine pakistanaise dans l'Angleterre d'aujourd'hui, Romo, lequel, traumatisé par une expérience d'enfant (dont le champ et le contre-champ figuraient dans les deux premières images proposées), rallie - comme pour quitter son statut de victime en allant dans le camp des bourreaux - un groupe de skinheads dont les activités principales consistent à se pinter la gueule en injuriant le monde entier, à arborer des symboles nazis et à péter la gueule aux pakis. La schizophrénie latente de cet adolescent perdu au royaume de la bêtise humaine la plus crasse augmente le trouble d'un film nerveux, âpre, cruel, impitoyable même jusque dans sa séquence finale (indice 2) au moment d'évoquer dans les regards de deux enfants toutes l'impuissance, la détresse et l'horreur de ces vies broyées par la connerie...

Ed Crane

       

Gentille (Gentille)
de Sophie Fillières (2005)

Devenu le sujet d'incessantes railleries de la part de mes impitoyables collègues, j'aurai résisté envers et contre toutes pour vous proposer ce film, très imparfait, non dénué de défauts, mais à mes yeux irrésistiblement attachant. On avait déjà pu entrevoir l'univers loufoque et cocasse de Sophie Fillières dans son film précédent (Aïe, avec sa soeur Hélène), mais la réalisatrice/auteure franchit ici un cap en s'autorisant les envolées linguistico-poétiques les plus absurdes pour décrire le personnage lunaire de Fontaine Le Glou, incarné par l'unique (selon le point de vue, ce qualificatif pourra être envisagé comme un compliment... ou pas - vous devinez mon point de vue) Emmanuelle Devos (Indice 2). Gaffeuse, maladroite, lunatique mais adorable girouette, Fontaine est de ces filles qui arrivent à se compliquer seule la vie, tout en retombant souvent sur leurs pieds grâce à leur fraîcheur, leur irrésistible naïveté, leur touchante gaucherie (évidemment, si j'étais là pour raconter ma vie, je vous confierais l'évidente analogie avec la fille qui la partage...). Evidemment, si le film n'est pas exempt des défauts imputables à une frange du cinéma français parisiano-parisianiste, tourné comme un simili-téléfilm dans de grands apaprtements tout blancs, mais sa surdialoguisation, loin d'accentuer cet aspect, en fait une oeuvre décalée, attachante, présentant qui plus est une très chouette galerie de personnages secondaires (un dérangeant Michael Lonsdale, un touchant Bruno Todeschini - Question - ou un Lambert Wilson éthéré - et si j'étais là pour vous raconter ma vie, je vous avouerais que ma Fontaine à moi aura été frappée durant la vision du film par une certaine ressemblance physique entre l'acteur et ma pomme, ce qui peut faciliter l'identification me direz-vous...). Et puis, tout bien considéré - et sans parler de l'atout ultime du caca (conséquence de la curieuse idée de la bague dans le yaourt, en Indice 1, référence évidente mais drôlatiquement affligeante à Everyone says I love you) - un film faisant un tel usage de la double négation ne pouvait pas ne pas me plaire...

Ed Crane

       

Les tueurs (Ubiytsy)
de Andrei Tarkovski, Alexander Gordon et Marika Beiku (1958)

Offret en bonus DVD sur diverses éditions des adaptations de The Killers (par Siodmak, puis Siegel), ce court-métrage d'Andrei Tarkovski tient plus de l'exercice de style que du court proprement dit : ses quelques minutes en noir et blanc sont en effet un film d'études, parmi les premières images jamais tournées par un Tarkovski de 26 ans (épaulé ici par deux co-étudiants). Même si l'ensemble est balbutiant, et un rien maladroit (notamment dans sa volonté de singer le cinéma américain noir de l'époque), The Killers version Tarkovski est un document rare et passionnant, dans lequel s'exprime (déjà) un étonnant sens du cadre et du rythme, un art éprouvé de la lumière et de vrais dons de direction d'acteur. A découvrir.

Margo

       

Forza Bastia (Forza Bastia)
de Jacques tati et Sophie Tatischeff (2002)

Découvert sur Arte il y a quelques années, offert il y a quelques mois dans l'indispensable So Foot, ce court-métrage de Jacques Tati doit son existence à Sophie Tatischeff, fille du réalisateur. Tournées en 78 à la demande du Président du club de football de Bastia, une vingtaine de minutes de rushes croupissaient dans les caves de la Cinémathèque de Corse, jusqu'à ce que Sophie Tatischeff les remonte pour en faire le petit film que l'on connaît aujourd'hui, point d'orge poétique de la carrière du grand cinéaste français. Tati, passionné de foot, a su capter en quelques plans, la douce folie dont l'ïle de beauté s'était parée en ce printemps 78, qui vit le club de Bastia atteindre la finale de la Coupe d'Europe de Football contre le mythique club d'Eindhoven. Tout en bleu et blanc, le film préfère s'attarder sur d'infimes détails drôlatiques, plutôt que de filmer le jeu lui-même. C'est dans ce décalage que se trouve toute la beauté de cet étrange OVNI, ni reportage, ni film de fiction, mais film de Tati, indéniablement.

Margo

       

La princesse et le guerrier (Der Krieger und die Kaiserin)
de Tom Tykwer (2000)

Rocka

       

Amour et mort à Long Island (Love and Death on Long Island)
de Richard Kwietniowski (1997)

Amour et Mort à Long Island : Etrange petit film passé inaperçu lors de sa sortie – des salles quasi vides en pleine Fête du Cinéma, il faut quand même le faire -, ‘Amour et Mort à Long Island’ mérite la découverte. Le professeur Gilles De’ath (John Hurt) est un enseignant vivant hors du temps ; ce veuf spécialiste d’E.M. Forster se consacre à ses livres et conférences et ignore tout du monde extérieur moderne. Il se laisse pourtant convaincre d’aller voir une adaptation d’un roman de son auteur de prédilection, alors qu’il n’a pas mis les pieds dans un cinéma depuis vingt ans. A la suite d’un quiproquo, il se trompe de salle et assiste à la projection d’une grasse comédie pour adolescents dans la lignée de ‘Porky’s’ (Question). Mais alors qu’il s’apprête à quitter la salle, il reste stupéfait par la le visage d’un jeune acteur de seconde zone, dans lequel il reconnaît l’idéal de beauté pré-raphaélite (Indice 1). Il va dès lors être obsédé par ce Ronnie Bostock (Jason Priestley, qui joue à peu de choses prêt son propre rôle), découvrir toute sa filmographie, dont le navrant ‘Hot Pants 2’ (Indice 2) et tout collectionner à son sujet. Une passion qui le poussera à traverser l’Atlantique afin de rencontrer l’objet de son affection. Cette relecture faussement légère de ‘Mort à Venise’ est une petite merveille de comédie délicate et sophistiquée, que je vous encourage à découvrir.
Disponible en Z1 Universal – sous-titres anglais uniquement.

Swan

       

Le prince de New York (Prince of the City)
de Sidney Lumet (1981)

C’est sans doute le dernier chef d’oeuvre à ce jour de Lumet. Certes, il réalisera encore d’excellents films, de ‘The Verdict’ à ‘Running on Empty’. Mais aucun autre film ne sera de taille à se mesurer à cette œuvre magistrale. Pendant de ‘Serpico’, il adopte un point de vue opposé : un groupe de policiers se considère comme les rois de la ville (Indice 2) et contourne allègrement les lois en se servant au passage lors d’interpellations (Indice 1) et en rackettant à droite et à gauche. Jusqu’au jour où, menacé, un policier campé par Treat Williams accepte de révéler quelques une de leurs combines. Il ne se doute pas qu’il a mis le doigt dans un engrenage infernal qui va petit à petit le détruire. Baladé de commission d’enquête en audition (Question), menacé par ses partenaires, il n’existe bientôt plus. Mis en scène avec une extrême rigueur, Le Prince de New York est de ces œuvres qui conservent un aspect intimiste en dépit de leur débauche de moyens – 130 lieux de tournage répertoriés. C’est aussi l’un des derniers représentants d’un certain cinéma américain des années 70 qui a fort heureusement connu une descendance récente.

Swan

       

Le 7ème voyage de Sinbad (The 7th Voyage of Sinbad)
de Nathan Juran (1958)

Un cyclope, un dragon, un squelette animé, une femme-serpent, des oiseaux géants, pas de doute nous sommes en terrain connu. Nous sommes dans l'univers fantastique du génial Ray Harryhausen. Il y a comme un sentiment d'injustice à oublier les noms des acteurs et du réalisateur de ces films d'aventures merveilleux pour n'en retenir que celui du magicien des effets spéciaux en stop motion, Harryhausen l'élève du maître Willis O'Brien (et non notre éthyloglanche adoré). Pourtant Nathan Juran ne fut pas un manchot, et ce solide artisan (et ancien chef décorateur) a su s'illustrer avec des films tels que Jack, le tueur de géants ou Les Premiers hommes dans la lune. Mais Ray Harryhausen est l'artiste qui apporte légitimement sa signature magique à ces œuvres d'un autre âge, celles dans lesquelles les effets spéciaux savaient restituer une certaine poésie malgré (et sans doute aussi à cause) de ses imperfections. L'autre nom qu'on associe généralement à ces productions enchanteresses est bien évidemment celui de Bernard Herrmann (Indice 1), dont les compositions romantiques et puissantes accompagnaient les péripéties. Avec son île mystérieuse abritant le cyclope (Question : l'entrée de sa tanière) et autres créatures fabuleuses, sa lampe magique et son génie, Sokurah son magicien manipulateur et ses tours démoniaques (Indice 2), sa jolie princesse babylonienne rendue captive et Sinbad l'aventurier téméraire au grand cœur, Le 7ème voyage de Sinbad représente l'exemple parfait de ce que les productions Charles Schneer pouvaient offrir de plus enthousiasmant dans le genre (avec Jason et les Argonautes) en termes de merveilleux, de féerie, de poésie, de naïveté, d'onirisme, d'action, de personnages grandiloquents et de beauté plastique. Un bon film estampillé "Glanche" en fait !

Roy Neary

       
Le chevalier blanc (Sigfrido)
de Giacomo Gentilomo (1957)

Harry Hausen

       

La fille (Così come sei)
de Alberto Lattuada (1978)

Le seule chose dont j'étais certain en abordant l'organisation du FRCD (à part l'identité sexuelle des plus improbables de L'étranger) c'est que je poserai une seule et unique question sous forme d'extrait musical et que cet extrait serait signé de l'une des rares personnes que je vénère. Il m'a donc fallu trier parmi plus de 400 musiques signées Ennio Morricone (bon en même temps, c'est un peu mensonger, je ne les ai pas toutes) de films et de téléfilms dont une bonne partie est devenue aujourd'hui invisible ou irregardable, c'est selon. Mon choix s'est malgré tout rapidement porté sur ce film méconnu d'Alberto Lattuada, réalisateur quasi oublié à la filmographie pourtant riche. Love story sulfureuse flirtant avec les tabous, cette fille irradie de la beauté de Nastassja Kinski (promis c'est le dernier film avec elle. Pour cette session…) et du talent de Mastroianni qui, par son charisme et sa vulnérabilité à fleur de peau, entre passion et hésitations, parvient à magnifier nombre de scènes qui auraient pu facilement sombrer dans le glauque ou le ridicule mais qui restent ici dans un équilibre délicat et diaphane.

Pasco Meisner

       

Les Muppets dans l'espace (Muppets from Space)
de Tim Hill (1999)

Harry Hausen

       

Désigné pour mourir (Marked for Death)
de Dwight H. Little (1990)

Rocka

       

L'île mystérieuse (Mysterious Island)
de Cy Endfield (1961)

Harry Hausen

       

La colline de l'adieu (Love Is a Many-Splendored Thing)
de Henry King (1955)

Qu'est-ce qui peut expliquer qu'un film apparemment très classique dans son argument et ses rebondissements dramatiques fascine à ce point et fasse naître autant d'émotions ? Peut-être justement en raison de cette simplicité dans la conduite de l'intrigue sentimentale et dans la logique funeste qui la sous-tend. Peut-être et sans doute aussi grâce au thème musical éminemment romantique et ultra connu (Indice 1), qui scande régulièrement, et avec une beauté mêlée de gravité, les péripéties amoureuses de deux personnages qui n'auraient jamais dû s'aimer dans un tel contexte (la composition originale d'Alfred Newman est aussi digne d'intérêt). Elle, docteur eurasienne dans un hôpital de Hong Kong, sublime veuve d'un général nationaliste et refermée sur elle-même par tradition et volonté de ne plus tomber amoureux. Lui, correspondant de guerre américain couvrant la guerre civile chinoise, journaliste entreprenant et aux manières directes, séparé d'une femme qui ne veut pas divorcer. La Colline de l'adieu est un film célèbre et justement célébré outre-Atlantique, l'un de ces mélodrames hollywoodien en Technicolor et Cinémascope devant lesquels on s'abandonne complètement avec une boîte de mouchoirs à proximité. Henry King, pionnier de Hollywood (et auteur de merveilles comme L'Heure suprême, Le Cygne noir, Le Chant de Bernadette, Un homme de fer, La Cible humaine ou Les Neiges du Kilimandjaro) était le cinéaste de l'amour fou et pur comme la foi religieuse, l'amour censé triompher de tout. Et c'est cette foi qui imprègne cette Colline de l'adieu, l'un des derniers films de King, comme un chant du cygne à sa magnifique obsession, qui nous incite constamment à entrevoir le meilleur alors que s'annonce le pire. Sa muse Jennifer Jones (de dos dans la Question) est formidable dans son personnage de recluse qui s'ouvre peu à peu à l'amour. Elle irradie de classe et de beauté dans les scènes qui la voit s'émanciper avec le nouvel amour de sa vie joué par le viril William Holden. Holden qui trouve ici l'un de ses rôles les plus sensibles. Tous deux véhiculent d'ailleurs un certain érotisme qui n'est pas pour rien dans le charme qui naît de ce film. On n'est pas prêt d'oublier les scènes de séduction dans la crique et, bien sûr, celles se déroulant au milieu du décor paradisiaque constitué par cette fameuse colline (Indice 2), un endroit hors du temps, une parenthèse de pur bonheur loin des drames du monde, mais aussi un lieu marqué par le destin beau et cruel qui frappe la plus puissante et expéditive des histoires d'amour jamais contées. Love is a Many-Splendored Thing…

Roy Neary

       
   

Motorama (Motorama)
de Barry Shils (1991)

Il y a des films inconnus ou presque que l’on aime faire découvrir, et ‘Motorama’ en fait partie. Du à la plume du trop rare scénariste Joseph Minion, surtout connu pour ‘After Hours’, il raconte l’odyssée d’un garçon de dix ans qui s’enfuit de chez ses parents à bord d’une Mustang et qui parcourt les routes américaines (Indice 1) à la recherche de stations services distribuant encore des cartes de Motorama, un vieux jeu publicitaire. Sur son parcours, il rencontre toute une série de personnages étonnants, comme un pompiste amateur de cerfs volants (Question) ou le très lynchien Jack Nance et gardien de motel (Indice 2). Peu d’entre eux s’étonnent que notre héros conduise une voiture alors que ses jambes n’atteignent même pas les pédales. Une curiosité, à voir.
Disponible en Zone 1 recadré, VOST.

Swan

L'homme au crane rasé (Der Man die zijn haar kort liet knippen)
de André Delvaux (1965)

Etonnant portrait d'un homme obsédé par une de ses étudiantes, L'homme au crâne rasé du belge André Delvaux est une étincelle, un feu qui couve derrière l’ennui de façade. Naviguant inlassablement entre songe et réalité, fidèle à son credo, le cinéaste livre un film neurasthénique et nerveux. La beauté vivace de L’homme au crâne rasé est à combustion lente. Le film vous laisse sur le carreau, au bord de la route, perplexe. Une semaine plus tard, il vous hante encore, et toujours… puis finit par vous terrasser (extrait d'une chronique à lire sur Dvdclassik - oui, je sais, c'est mal, non seulement je suis une feignasse, mais en plus je fais ma pub...).

Margo

       

Quand la mer monte (Quand la mer monte)
de Yolande Moreau et Gilles Porte (2004)

J'ai toujours éprouvé une espèce de sympathie, ou de fascination, pour le personnage lunaire de Yolande lorsque je regardais les Deschiens à la télé ; cette façon de (mal) se tenir, son inadaptation manifeste au monde qui l'entourait, ce sourire benêt et béat qui ne la quittait jamais, même lorsqu'elle était raillée de toutes parts... Evidemment, un tel personnage n'était pas suffisant pour monter un long-métrage sur ce rôle, et, si j'avais envie d'aimer ce film co-réalisé par Gilles Porte, ce n'est pas sans appréhension que je l'avais abordé. Appréhensions vite balayées, car dans Quand la mer monte, si le personnage qu'elle incarne est fortement inspiré par l'expérience personnelle de sa propre tournée, elle n'y joue pas le rôle de "La Yolande", elle y compose un autre personnage, plus riche, plus profond, mais qui rayonne du même type de poésie maladroite. Ce joli et humble road-movie dans les villages du Nord avec un loser sympathique (fantasmé en Indice 1) à l'univers foutraque (Question), joyeux fêtard manipulateur de Géants (Indice 2), résonne ainsi d'un charme très particulier, parfois amer parfois cocasse, qui déniche avec un regard très particulier des raisons de rire, des raisons d'aimer, des raisons de vivre dans le plus anecdotique des quotidiens. Cette façon de rendre tous ces petits riens si touchants n'est pas la moindre des qualités d'un film tendre et lumineux.

Ed Crane

       

Prisonnière des Comanches (Comanche Station)
de Budd Boetticher (1960)

Toutes les occasions sont bonnes pour parler de Budd Boetticher et le FRCD m'en donne une belle. Boetticher est malheureusment resté dans l'ombre des géants (les Walsh, Ford, Mann) mais il débordait de talent et il savait s'entourer des bonnes personnes. Il travaille régulièrement avec Burt Kennedy, un des meilleurs scénaristes du genre. Du relativement fade, mais néanmons reconnu, Randolph Scott, il tire le meilleur, le rendant fascinant, énigmatique et redoutable, d'ailleurs Scott ne s'y trompera pas car ils travailleront ensemble sur sept films. Le producteur ne lui donne qu'un petit budget, ce n'est pas grave, il tourne dans de splendides décors naturels avec trois figurants et une veille ferme en déconfiture. Alors, attention, ses films sont tournés dans de magnifiques paysages naturels mais il ne s'égare pas à la contemplation, pas le temps, car c'est ça la force de Boetticher, pas de fioriture, une histoire qui avance constamment et qui va droit à l'essentiel, ce qui donne des films courts mais riches, des films que l'ont peut voir et revoir régulièrement sans s'ennuyer un instant et Comanche Station est un de ses meilleurs représentants !

L'étranger

       

Black Mama White Mama (Black Mama White Mama)
de Eddie Romero (1972)

Rocka

       

She, la déesse de feu (She)
de Robert Day (1965)

La Hammer Film, célèbre avant tout pour avoir révolutionné et revitalisé le film fantastique et d'horreur dès la fin des années 1950, s'est également illustrée dans les films d'aventures avec ce mélange de sérieux et de fantaisie débridée qui la caractérisait. Au milieu des années 1960, entre superproductions américaines et italiennes, la firme anglaise est arrivée à se faire une petite place en mettant en chantier ce qui représenta pour elle une production de grande envergure, dont une partie fut même tournée en extérieurs. Adapté de La Source de feu écrit par H. Rider Haggard (auteur des Mines du Roi Salomon), She la déesse de feu conte les aventures d'un archéologue britannique nommé Holly (joué par Peter Cushing) et de son frère d'armes Leo partis jusqu'à la cité de Kuma, qui abrite une ancienne civilisation de type hellénistique située en Afrique (Question : la statue de pierre gardant l'entrée des cavernes). Kuma est une cité antique dirigée avec une grande autorité par la belle Ayesha, reine immortelle aux pouvoirs fascinants. Ayesha est interprétée par la sculpturale Ursula Andress (Indice 2), qui n'a peut-être jamais été aussi belle et désirable qu'ici. She la déesse de feu fait partie de ces films d'aventures à l'ancienne, "mystérieux et naïfs", qui faisaient le bonheur des adolescents férus d'exotisme et d'érotisme soft. Des films étranges et enchanteurs (et parfois maniérés, dans leur mise en scène comme dans leurs dialogues) traitant de chasses au trésor et de quêtes de civilisations perdues, et qui donnaient à voir des péripéties jouant sur de vielles légendes horrifiques et sur la peur de l'inconnu (Indice 1 : les indigènes et leur séance de torture). Le film de Robert Day (réalisateur, entre autres, de quelques Tarzan et épisodes de Chapeau Melon et Bottes de cuir) fut donc un très grand souvenir d'adolescence, et il reste encore aujourd'hui un spectacle chatoyant à l'œil (bien que manquant singulièrement de dynamique dans sa deuxième partie). Il existe en DVD zone 2 anglais, et je ne saurai que trop vous conseiller d'y jeter un œil (voire les deux) pour (re)découvrir le charme suranné de ces films dont on compte malheureusement très peu de descendants.

Roy Neary

       

Le temps de la colère (Between heaven and hell)
de Richard Fleischer (1956)

J'ai découvert ce petit bijou par hasard, il était dans le lot d'une sortie "films de guerre" et je n'en avais jamais entendu parler. Je me suis renseigné un petit peu et j'ai vu que le jeune Robert Wagner était dirigé par ce bon vieux Richard Fleischer (capable du meilleur comme du pire), mais vu de l'année (1956), je me suis dit que ça pouvait le faire. Robert Wagner y incarne un jeune soldat qui se retrouve dans la campagne du Pacifique pendant la seconde guerre mondiale. Dans les flash-backs on découvre qu'il est le propriétaire d'une usine de coton (indice 3) indifférent aux conditions de vie difficiles de ses employés et de leurs familles (bon, en gros, c'est un con). Mais la guerre et les conflits le transforment peu à peu, il retrouve des valeurs saines, gagne en humilité, comprend et respecte la lutte des classes menée par ses camarades de régiment moins aisés (dont certains sont ses employés) grâce à l'amitié et à l'attention qu'ils lui portent. Mais cette rédemption ne l'empèche pas de se retrouver sous les ordres d'un Capitaine (joué par l'excellent Broderick Crawford) qui a carrément pété les plombs dans un avant poste perdu au milieu de la jungle (indice 2). Houlala, que de rebondissements... et pourtant, le film ne manque pas d'action, les scènes de combats sont variées et le final haletant, déborde de scènes épiques et spéctaculaires (première photo).

L'étranger

       

George Lucas in Love (George Lucas in Love)
de Joe Nussbaum (1999)

1999 : tous les fans de Star Wars l'attendaient depuis des années, le 1er épisode la nouvelle trilogie intitulé La Menace Fantôme sort sur les écrans. Et si le véritable événement cette année-là, devant la relative déception de ce dernier film, était le court métrage d'un étudiant en cinéma nommé Joe Nussbaum ? On ne sait plus trop quoi écrire ou quoi tourner sur l'incroyable mythologie "lucasienne" tant les ouvrages et les analyses pullulent depuis trente ans. Et si on essayait l'humour ? Et si on laissait tomber le sérieux et les vaines querelles ? Le malicieux Nussbaum décide de raconter en quelques minutes la manière dont le jeune Georges Lucas a connu l'inspiration alors qu'il écrivait les prémices de ce qui allait devenir l'œuvre de sa vie. Ainsi on voit l'étudiant de l'USC s'échiner à rédiger son scénario avec difficulté, absorbant sans le savoir des idées dans son environnement (Indice 1 : la poubelle pour la future déchetterie mortelle de l'Etoile Noire) ou dans son entourage (Question : le géant asthmatique pour le futur Darth Vader). C'est alors un dialogue piquant qui s'installe entre ce court métrage et les spectateurs appelés à reconnaître les signes et les personnages qui figureront les éléments de l'œuvre à venir. George Lucas in Love, en plus d'être drôle et un poil irrespectueux, se révèle donc également un jeu de piste fort amusant destiné principalement aux amateurs de la saga. Et comme tout finit (et commence) avec l'amour, c'est bien sûr la rencontre de l'être aimé (Indice 2 : la jolie étudiante arborant la coupe bizarroïde de la future Princesse Leia) qui poussera le jeune George à se surpasser et à vaincre l'angoisse de la page blanche !

Roy Neary

       

L'amour existe (L'amour existe)
de Maurice Pialat (1960)

A première vue, ce magnifique poême visuel détonne dans la filmographie, certes naissante, de Pialat. On connait le dégoût du réalisateur pour la Nouvelle Vague, aussi s'étonne-ton de constamment penser à Alain Resnais (magnificence de lents travellings), à François Truffaut (voix-off très littéraire), ou au Jean-Luc Godard des origines (jeux de mots, rimes visuelles...). Est-ce d'ailleurs un hasard si le film est produit par Pierre Braunberger, et mis en musique par George Delerue ? Très fluide, d'une beauté plastique imposante tant dans le cadre que dans le montage, L'amour existe n'a apparemment que de lointains rapports avec le cinéma de Pialat. Et pourtant, déjà, se dessine un monde. Celui de Maurice Pialat : attachement pour les petites gens, discours social brut, raccords saisissants, majesté du silence. Jusqu'à une fin sublime. En deux plans et un changement d'axe bouleversant, tout est dit d'un pays et d'un peuple. Film majeur, à découvrir en bonus du DVD de l'Enfance Nue.

Margo