Les Glanches passent la seconde

La semaine est terminée



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Sugarland Express (The Sugarland Express)
de Steven Spielberg (1974)
Ah ben oui, fallait vous y attendre ! Vous avez vu mon pseudo ? Vous pensiez y échapper ? On a beau être une Glanche, même de fraîche date, on n'en reste pas moins un homme et de plus fidèle à ses valeurs. J'ai choisi l'option facile, et vos réponses le prouvent, à savoir placer un Spielberg en semaine bagnoles, sachant que le jeune Steven s'est fait remarquer avec deux œuvres parcourant le bitume (la 1ère était Duel). Pourquoi Sugarland Express ? Parce que c'est son premier long métrage, et c'est là que Spielberg fait montre de la sensibilité qui le caractérise après avoir mis en place les bases de sa mise en scène avec son 1er film (Duel, pour ceux qui n'ont pas suivi). Ambiance typique des années 70 avec ses anti-héros à la quête d'une liberté qui ne viendra jamais : un jeune couple dans la mouise formé d'une femme enfant faisant évader son mari de prison pour aller ensemble récupérer leur bébé placé dans une famille d'accueil ; une prise d'otage maladroite d'un flic sympathique qui entraîne une cavale folle avec des dizaines de voitures de police au train ; un capitaine sévère mais juste, cynique sur la nature humaine, mais qui entend mener sa mission jusqu'à son terme (Ben Johnson, échappé d'un film de John Ford) ; des médias qui font monter la sauce et participent à la chasse, à leurs risques et périls (Question) ; la foule texane d'apparence compassionnelle mais qui peut se retourner à tout moment. Bref un beau barnum tragi-comique, plaçant au centre ce couple "d'adulescents" avec, dans une des plus belles scènes du film (Indice 2), une Goldie Hawn affichant sa candeur juvénile devant les aventures de Bip Bip alors que son époux William Atherton voit dans les malheurs du Coyote du cartoon la projection de son propre destin funeste ; une séquence 100% spielbergienne dans le fond comme dans la forme. Spielberg justement, qui continue à découper l'espace des routes avec une maestria étonnante, jouant autant sur la dynamique des scènes d'action que sur la gestion des signes visuels renseignant sur la destinée de ses héros, sans oublier une grande maîtrise du cadre Cinémascope qui joue régulièrement sur l'intégration du hors champ dans le champ dans la lutte à distance du jeune duo face aux policiers (je ne vais pas vous faire une analyse filmique, je manque de place et mes copains commencent à m'engueuler pour que j'en termine). Spielberg enfin, qui entame ici sa collaboration fructueuse avec John Williams qui compose une musique (Indice 1) aux accents sudistes, dont le rythme lent et pesant comme le soleil du Texas nimbe le film d'une profonde tristesse.
Roy Neary


2



La Grande Vadrouille (La Grande Vadrouille)
de Gérard Oury (1966)
Qu'est-ce que je vais pouvoir vous dire sur ce film que vous ne connaissiez déjà ? Ah si, il parait qu'un des machinistes a couché avec une figurante pendant le tournage, une figurante qui est dans la salle de concert au début. Dingue, non ? Mais bon, c'est pas du sûr à cent pour cent quand même c't'histoire, hein !?! Bon, alors oui, c'est une (la plus ?) grande comédie populaire française de tous les temps, le duo De Funès-Bourvil est magnifique, les seconds rôles sont excellents, la réalisation de Gérard Oury est efficace et l'histoire pleine de rebondissements. Bref, c'est le genre de film qu'on a beau avoir vu 10 fois, dès qu'on tombe dessus, on reste à nouveau scotché devant l'écran. Pour ma part, c'est la magie du génial Louis De Funès qui opère à chaque fois. Ce type est le plus grand comique de tous les temps, tout simplement...
L'étranger


3



Nashville (Nashville)
de Robert Altman (1975)
Touché que j'ai été par sa disparition à la fin de l'année dernière, il m'était inconcevable de ne pas rendre hommage à Robert Altman lors de cette session glanchienne, et y'avait-il pour cela film plus approprié que cette oeuvre quintessentielle de son art (qui en annonce bon nombre d'autres, notamment Short Cuts) ?
Drame social, satire politique, comédie musicale, mélodrame - et résolument impossible à raconter - Nashville est tout ça à la fois, brassant les registres et les tons avec une incroyable maîtrise, mais apparaît surtout comme un instantané sur les années 70, lucide et parfois désenchanté (d'aucuns parleront comme souvent avec Altman de misanthropie, à mon avis à tort). La capitale de la country music y est filmée comme un personnage à part entière (jusque dans ses recoins les plus ignorés, comme cette casse auto - question - où une excentrique journaliste anglaise vient chercher inspiration pour un reportage sur la vie locale) et s'y croisent ainsi une quinzaine de protagonistes, parfois sans liens, si ce n'est évidemment leur présence physique, mais peut-être aussi leur absence de perspectives, la vie les ayant quasiment tous fissurés, leurs rêves s'étant un à un éteints (la candide Sueleen - indice 1 - s'accrochant de façon pathétique au sien).
Parfois bouleversant (le travelling avant sur Lily Tomlin pendant la chanson I'm easy), loufoque, mystérieux voire délibérément opaque, quoiqu'il en soit d'une incroyable richesse, ce film ample (2h30) bouillonne d'une énergie peu commune, et au lieu de devenir déprimant, conclut sa dramatique scène finale (indice 2) d'une touche amère mais paradoxalement presque optimiste... It don't worry me, It don't worry me... You may say that I ain't free, but it don't worry me...
ed crane


4



La Maison de Bambou (House of Bamboo)
de Samuel Fuller (1955)
Bon, alors, évidemment, le scénario de La Maison de Bambou est un rien faiblard. Et oui, oui, je confirme, ça patine même sévère au début... et puis au milieu aussi. Oui, mais voilà : à la caméra, c'est môssieur Samuel Fuller, et les quelques captures sur lesquelles vous avez sué cette semaine augurent à peine de la baffe magistrale que vous allez vous prendre en (re)découvrant cette merveille de film noir (le casse de l'indice 1), qui délaisse les habituelles ruelles sombres d'un Chicago gangréné par le crime pour le décor plus exotique d'un Tokyo corrompu (indice 3). Cela va sans dire, Robert (Stack) et Robert (Ryan) sont impériaux, magnifiés par le Scope éblouissant d'un Fuller au sommet de son art. Sans en dévoiler trop, on vous conseillera ainsi d'attendre l'incroyable final (capture 2), modèle de mise en scène et d'utilisation du cadre.
Margo


5



Bird (Bird)
de Clint Eastwood (1988)
L'hommage d'un grand à un autre donne-t-il forcément un grand film ? Impossible de répondre tant la question est biaisée. En fait de grands, ici, ils sont trois. Comment ne pas vouloir mettre en lumière, à l'ombre des imposantes figures de Clint Eastwood et de Charlie Parker, celle de Forest Whitaker dont l'interprétation donne tout son souffle au film. Trois… pas certain. Que dire de Joel Oliansky qui réussit le prodige de rendre le rythme du Jazz dans un scénario aussi inspiré que syncopé, usant d'images comme autant d'envolées improvisées d'un Bird au somment de son art ? Et comment oublier le travail hors normes tout en subtilités sombres de Jack N. Green ? Voilà un biopic (genre que j'apprécie probablement le moins) en forme de miracle qui relève avec brio le délicat challenge de rendre compte d'une vie et d'apporter un éclairage implacable à une question pourtant cent fois rebattue : le génie est-il une malédiction ? Des tournées miteuses (Question) aux plus grandes salles, de la musique à l'amour (Indice 2, Parker/Roméo sous le balcon new yorkais d'une Chan/Juliette immortalisée par la formidable Diane Venora), la vie de Charlie Parker n'aura été au final qu'un vol de cymbale dans un ciel vide (Indice 1, non ce n'était pas un stock shot échappé d'un film d'Ed Wood), belle, limpide, indispensable… Tout comme la votre, monsieur Eastwood. Merci. Merci d'exister.
Pasco Meisner


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Cabal (Nightbreed)
de Clive Barker (1990)

Par suite d'abus de boissons alcoolisées fortement frelatés, notre cher Harry Hausen ne peut pas mettre les critiques de ces choix artistiques (si, si !). Celà dit, il n'est même pas sûr qu'une fois sorti de sa cure de désintoxication que notre illustre collègue ne mette la moindre critique vu l'état de délabrement avancé de son cerveau... Et les jeunes, là, au fond, que cette triste histoire vous sert de leçon !
Harry Hausen


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Le Secret du rapport Quiller (The Quiller Memorandum)
de Michael Anderson (1966)
Le film d'espionnage britannique des années 1960 avec sa distance ironique, son humour noir, son charme suranné, sa confusion des valeurs et ses héros jouets de forces qu'ils peinent à définir et à maîtriser a beaucoup de fans. J'en fais partie. Avant d'être un film assez savoureux bien que longuet réalisé par le très honorable artisan Michael Anderson, The Quiller Memorandum était un livre écrit par Adam Hall, créateur de l'agent secret Quiller dont il contera les d'aventures dans une vingtaine de romans. Le premier intérêt du film est que l'adaptation du livre est signée par Harold Pinter, maître anglais de l'absurde et des rapports mystérieux de domination. Quiller passe donc son temps à déambuler à Berlin, lieu d'action du film, en particulier dans sa Porsche rouge (Question) pour enquêter sur un groupuscule de néo-nazis responsable de la mort d'un de ses collègues. Et plutôt que de réussir à dénouer les fils d'une intrigue aussi claire que l'eau de Seine, le héros devient peu à peu une marionnette victime de forces manipulatrices. C'est le deuxième intérêt de ce film, dans lequel la désillusion qui s’empare progressivement du héros est magnifiquement illustrée par le l'émouvant thème musical de John Barry (Indice 1), véritable ponctuation sonore entre romantisme désenchanté et douce mélancolie (et par ailleurs l'un de mes thèmes favoris de Barry). Au milieu de comédiens chevronnés (Max Von Sydow, Alec Guiness, George Sanders) qui cabotinent à qui mieux mieux, le peu charismatique George Segal dans la peau de l'agent Quiller fait parfaitement figure de bureaucrate dépassé par les événements. Le troisième et dernier intérêt du film, diront certains dont une Glanche nommée Pasco Meisner, réside dans la participation de la sculpturale Senta Berger (Indice 2). Et c'est vrai qu'il fallait bien la présence de cette bombe allemande pour venir réchauffer cette atmosphère de Guerre Froide !
Roy Neary


8



Le grand frisson (High Anxiety)
de Mel Brooks (1977)
Inégal, le cinéma de Mel Brooks l'est indubitablement, son humour se définissant même presque par cette faculté à faire soudainement émerger une idée totalement géniale d'une (loooooongue) enfilade de gags navrants (mais vraiment navrants). Cela était vrai dans son premier film, Les producteurs, et l'est dans tous ses autres - à l'exception majeure du grandiose Frankenstein junior - les coups de génie se raréfiant même jusqu'à peau de chagrin au fil des années... Malgré cela, je porte une affection réelle à ce Grand frisson, "parodie" des films d'Alfred Hitchcock qui emprunte à bon nombre d'oeuvres (en gros, des Enchaînés à Frenzy, tous ses films y passent) dans un hommage habile (loin d'un bête décalque, la grammaire hitchcockienne y a été comprise et digérée) qui enchaîne les figures imposées (la référence à la scène de la douche de Psycho y est particulièrement réussie) mais arrive tout de même à trouver son propre ton, totalement foutraque, souvent absurde, et pourtant parsemé d'idées de mise en scène délirantes et fameuses (amples travellings qui finissent dans le mur ; musique de suspense envahissant jusqu'au cadre ; contreplongées audacieuses perturbées par les personnages...). Dans la mesure de ce qu'on peut attendre de ce type d'entreprises ultra-référentielles, ce Grand Frisson est un fleuron qu'il serait dommage de manquer.
ed crane


9



Universal Soldier (Universal Soldier)
de Roland Emmerich (1992)
Toute l'équipe des Glanches est persuadée qu'une bonne session du FRCD ne peut être réussie que si elle comporte au moins un film de Jean-Claude Van Damme... Euh, enfin, c'est surtout moi qui pense ça. Mais comme je suis le membre le plus important, c'est tout pareil. Et quelle ne fut pas ma surprise de constater que ce chef d'oeuvre de Roland Emmerich n'était pas encore tombé. Alors oui, j'en entends déjà au fond qui rissolent fortement, et pourtant, Universal Soldier est un bon divertissement qui a confirmé le statut de nouvelle star d'action du tout jeune Jean-Claude et qui a installé Roland Emmerich comme "faiseur de blockbuster" (imaginez si le film n'avait pas marché, pas d'Independance Day ni de Godzilla, on a eu chaud quand même !!). Le film en lui-même ne renouvelle pas beaucoup le genre, mais la rencontre de Van Damme et de Dolph Lundgren tient toutes ces promesses, beaucoup d'action, de l'humour et du fun. Et pour ne rien gâcher, malgré ses quinzes années au compteur, le film reste toujours plaisant à regarder. Elle est pas belle la vie ?
L'étranger


10



Outsiders (The Outsiders)
de Francis Ford Coppola (1983)
Profitant d'une génération montante du cinéma américain, F.F.Coppola réalise avant Rusty James une autre pièce maîtresse du cinéma "teenager". A travers la vie des frêres Curtis vivant seuls depuis la mort de leurs parents (Question), le film nous propose une vision fantasmée des gangs des années 50. Resté à jamais un de mes films préférés aprés l'avoir découvert en salle à l'époque de sa sortie, Outsiders est également un film visuellement maginifique, que cela soit dans la scène de conciliation (Indice 1) où celle de l'église (Indice 2). Certains reprochent une certaine miévrerie à ce film, le comparant à Rusty James adapté lui aussi de S.E Hinton, peut-être plus adulte, mais au final bien moins passionannt.
Rocka


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PTU (PTU)
de Johnny To (2003)
Les petits veinards qui auront eu la chance de découvrir la doublette magique Election 1 / Election 2 au cinéma en début d’année savent tout de la maestria dont fait preuve Johnnie To sur la figure imposée de la poursuite automobile. Pour tout dire, en la matière il met même à l’amende un autre maître du coin, un certain John Woo - dont le talon d’Achille pourrait bien être justement les scène de « caisses » (MiII ou encore The Killer). Dans PTU, point de poursuite toutefois, mais des voitures de partout, dans chaque scène, et qui jouent un rôle primordial dans ce Hong-Kong nocturne et désert qui sied si bien au cinéma de To. Et le monsieur connaît ses classiques. Manière d’hommage enamouré au Chien Enragé de Kurosawa, le film développe en même temps son rythme propre, cotonneux et trompeur, jusqu’à un final, éblouissant, qui envoie tout valdinguer avec bruit et fureur. Classique instantané.
Margo


12



La vie promise (La vie promise)
de Olivier Dahan (2002)
Bien avant La Môme, Olivier Dahan avait déjà fait la preuve de tout son talent, bien plus dans ses projets personnels que dans des oeuvres de commande tout juste bien troussées (Le petit poucet, Les rivières pourpres). Mais au moins, ces dernières nous permettent-elles de voir débarquer des films différents, comme La vie promise. Une question un peu tirée par les cheveux je l'avoue pour coller à la thématique, mais elle permet de se rendre compte des grandes qualités picturales du film, un de ses points forts. Mais La vie promise, ce n'est pas seulement de belles images, ce sont aussi de magnifiques comédiennes, Isabelle Huppert (Indice 1) en mère perdue qui fuit à la recherche d'un passé perdu, et Maud Forget (Indice 2) encore une fois remarquable malgré son jeune âge. Adeptes de film français différents, et moins masturbatoires que la norme, jettez un oeil par ici, ça peut vous intéresser.
Rocka


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Training Day (Training Day)
de Antoine Fuqua (2001)
Pas facile de défendre Antoine Fuqua, et sa filmographie ne nous y aide pas forcément, entre un hommage au polar hong-kongais transformé en pub pour Grand Theft Auto et une relecture ‘historique’ du Roi Arthur pleine de bonne intentions mais peu convaincante au final. Pourtant, dans cette œuvre se cache une petite pépite du polar urbain. Désireux de monter en grade, un jeune policier (Ethan Hawke) passe une journée en compagnie d’un officier expérimenté (Denzel Washington) qui doit déterminer s’il est apte à intégrer son équipe. Se déroulant sur 24 heures, ‘Training Day’ nous conte la descente aux enfers de ce bleu au sein des quartiers les plus durs de Los Angeles en compagnie d’un instructeur aux méthodes peu communes à bord de sa Chevrolet Monte Carlo (Indice 1). Mais très vite, le doute s’installe : est-ce un flic dur s’adaptant au milieu dans lequel il évolue et comprenant les règles, ou bien tout simplement un pourri sans scrupules ? Une odyssée violente, soutenue par quelques scènes marquantes, dont un modèle de construction de l’angoisse : contraint de jouer aux cartes avec des dealers, Ethan Hawke se rend peu à peu compte qu’il a été abandonné dans la fosse aux serpents par son instructeur (Question – eh oui, c’était un petit piège, il fallait comprendre que la voiture de la thématique était justement celle qui manquait). Le film est bien entendu porté par ses deux interprètes principaux – Denzel Washington, justement oscarisé, cabotine juste ce qu’il faut -, mais aussi par une belle galerie de second rôles, comme Scott Glenn (Indice 2) et quelques représentants de marque de la musique noire contemporaine, tels Snoop Dog ou Dr. Dre. Un polar injustement décrié à sa sortie par des critiques plus sensibles à la poudre aux yeux de ‘Narc’ ou ‘Dark Blue’, mais à redécouvrir.

Disponible chez Warner en DVD Z2, HD-DVD et Blu-ray.
Swan


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Bubba Ho-Tep (Bubba Ho-Tep)
de Don Coscarelli (2002)

Par suite d'abus de boissons alcoolisées fortement frelatés, notre cher Harry Hausen ne peut pas mettre les critiques de ces choix artistiques (si, si !). Celà dit, il n'est même pas sûr qu'une fois sorti de sa cure de désintoxication que notre illustre collègue ne mette la moindre critique vu l'état de délabrement avancé de son cerveau... Et les jeunes, là, au fond, que cette triste histoire vous sert de leçon !
Harry Hausen


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Georgia (Four Friends)
de Arthur Penn (1981)
Raconter trente ans de l'Amérique en un film… quelle belle ambition ! Beaucoup s'y sont essayé pour bien peu de réussites. Bénéficiant d'un remarquable script pour partie autobiographique de Steve Tesich, Arthur Penn y parvient pourtant à merveille. Ce Four Friends tour à tour enthousiasmant, drôle, profond brosse au final l'un des tableaux de L'Amérique les plus noirs qu'il m'ait été donné de voir. À l'ombre des villes industrielles, soleil des immigrés de la première génération, grandit une nouvelle génération (Indice 2) qui refuse de vivre en esclaves modernes et aspire à la lumière, à la liberté, à la culture, à l'amour. A la vie, quoi ! Mais à leurs espoirs intenses répondront d'immenses déceptions : désillusions des sixties (Question. Cette voiture symbole du "summer of love" finira quelques étages en contrebas, broyée), destruction de l'amour sur l'autel de l'argent (Indice 1 : Uniquement mu par l'amour, Craig Wasson - qui trouve ici son plus beau rôle - paie de la mort de sa riche épouse ce que son beau père prend pour une tentative d'accession à la fortune). Le rêve américain porte bien mal son nom. Il n'est qu'un interminable cauchemar, inaccessible, cruel, fatal. Ce film sans espoir analyse, comme rarement, à travers le parcours initiatique de ces quatre amis, le passage des 60's aux 80's, de l'ère Kennedy à l'ère Reagano-bushienne (père), la disparition des valeurs humaines au profit de l'argent roi et du cynisme. En un film, monsieur Penn, vous construisez une fresque inoubliable mais une fresque en forme de testament. Amen !
Pasco Meisner