Les Glanches révisent leur Classik

La semaine est terminée



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The Barber, l'homme qui n'était pas là (The Man Who Wasn't there)
de Joel Coen (2001)

Suite au succès critique et public de Fargo, on avait constaté chez les frères Coen une certaine propension à la compassion, la causticité décapante (voire parfois le cynisme) de leurs premiers films (notamment dans Miller’s crossing ou Barton Fink) s’effaçant progressivement devant une légèreté certes réjouissante (The Big Lebowski, O’Brother…) mais qui laissait craindre un retour vers la norme pour des auteurs s’étant toujours plu loin de celle-ci, impression malheureusement confirmée depuis par un assez quelconque Intolérable cruauté et de navrants Ladykillers. Cependant, en 2001, en retrouvant l’inspiration de leurs premières œuvres (James M. Cain, adapté ici, était l’inspiration revendiquée de Blood Simple, leur premier film), les frères Coen retrouvaient avec une infinie maestria la force et la profondeur de leurs premières réalisations, offrant un véritable condensé de toutes leurs obsessions, l’œuvre quintessencielle d’un cinéma depuis toujours placé sous le sceau de l’inconséquence (qui raconte des histoires de rien(s) – là où leurs détracteurs voient un cinéma inconséquent, qui ne raconte rien).
Ed Crane (oui, oui, c'est moi), médiocre monsieur Tout-le-monde comme James M. Cain les affectionnait, est ainsi le cousin direct de Barton Fink, de Norville Barnes (Le Grand saut), de Tom Reagan (Miller’s crossing), de Jerry Lunegaard (Fargo) ou de Jeffrey Lebowski, tous ces personnages principaux coenniens placés un jour malgré eux face à un bouleversement (chantage, adultère, meurtre – Indice 1 – voire les trois, comme dans ce film) dans la routine de leur non-vie et qui décident alors de se remettre en cause. The man who wasn’t there, l’homme qui n’était pas là du titre, c’est cet homme qui, parce qu’il a un jour constaté la vacuité de son existence, ne se trouve plus là où il devrait être, là où la banale linéarité de son existence aurait du le mener… Mais comme pour les autres, le changement ne se fait pas simplement, voire ne se fait pas du tout. Et au-delà de ce personnage anti-héroïque au possible, c’est évidemment en filigrane tout le portrait, mi-amusé mi-affligé, d’une Amérique qui du Mississippi des années 30 au Minnesota des années 80, en passant par la Californie d’hier ou le Texas contemporain, demeure la même, engoncée dans sa misère intellectuelle et affective, dans ses croyances et ses superstitions (via le personnage saisissant d’Ann Nirdlinger – indice 2 – le film évoque de manière fantasmatique la folie extra-terrestre ayant envahi l’Amérique de l’époque, mais en dirigeant cette lubie vers le besoin de sens d’Ed). Toutefois, là où The Barber se pose avec gravité dans la filmographie coenienne (surtout après deux films dont les protagonistes étaient sauvables voire sauvés), c’est que malgré ses efforts, la quête identitaire d’Ed demeure vaine. Aucune rédemption (ses efforts de philanthropie artistique ne sont qu’une déception de plus) ne lui est possible, aucun sens (direction comme signification) ne sera accordé à son existence… Il est ce spectre naviguant entre deux mondes, ce fantôme perdu dans une réalité qui ne lui ressemble pas (ou à laquelle il ne ressemble plus), cette âme errante vestige d’une vie qui n’aura jamais pu vraiment exister (le plan de la Question acquiert ainsi une dimension symboliquement tragique d’une rare cruauté chez les frères Coen, quand Ed s’enfonce inexorablement, écrasé par la plongée, dans l’obscurité).
Avec une utilisation subtile du plan subjectif, les frères Coen font alors subir au spectateur ces regards fuyants, ces exclusions, cette distance irréductible avec l'autre, le procédé atteignant son fulgurant paroxysme dans la scène-clé du procès d’Ed, où l’avocat pointe son index sur le spectateur lui-même, désigné comme l’incarnation du drame de l’homme moderne, et résonne ainsi d’une incroyable actualité auprès du spectateur d’aujourd’hui en lui posant directement une troublante question : cela vaut-il le coup de chercher à être quelqu’un d’autre ? Ainsi, sous une forme délibérément « classique » The Man who wasn’t there s’avère probablement le film le plus humaniste mais aussi (paradoxe ou preuve de lucidité ?) le plus désespéré de tout leur œuvre : pour Ed, la mort est la seule issue, peut-être même le seul espoir (car peut-être, là, il pourra trouver comment dire toutes ces choses pour lesquelles il n’y a pas de mots ici-bas…)
Cinéma mouvant, qui irrite les esprits les plus cartésiens quand il mêle à ce point son côté ultra-référentiel à une introspection d’une rare profondeur, l’art des frères Coen, à son sommet dans ce film, s’y avère à la fois jouissif et désespérant, stimulant d’avantage à chaque vision pour faire d’un objet de prime abord froid le plus bouleversant des portraits. A la première vision, ce film m’avait parlé, mais de manière incomplète, diffuse ; à la énième vision, il me tord les viscères et me fait venir les larmes en même temps que les rires.
Alors, pour être complet, j’aurais voulu parler de la photo géniale de Roger Deakins, des interprétations fabuleuses (notamment celle, magnétique, de Billy Bob Thornton) ou de la B.O. de Carter Burwell, qui intègre Mozart ou évidemment la bien-nommée Pathétique de Beethoven dans sa propre composition, sublime de modération. J’aurais voulu. Mais s’attarder sur des individualités, aussi brillantes soient-elles, aurait été une insulte à la lumineuse cohérence, à l’époustouflante homogénéité de ce qui est, et sera probablement pour toujours, le plus gros choc cinématographique de ma vie.
ed crane


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Ce qui me meut (Ce qui me meut)
de Cédric Klapisch (1989)
Ce qui me meut est peut-être le meilleur film de Cédric Klapisch. Parce qu'il dure 24 minutes, diront les mauvaises langues... Ils n'auront peut-être pas tort, toujours est-il que cette évocation ironique et rêveuse de la vie d'Etienne-Jules Marey est à ranger parmi les courts les plus gentiment loufdingues de ces 20 dernières années. Avec ses acteurs-qu'on-connait-mais-dont-on-ne-se-souvient- jamais-les-noms (Marc Berman, croisé chez Klapisch, Rochant ou Scola ; Simon Abkarian, vu chez Egoyan et Durringer ; Jacques Boudet, fidèle parmi les fidèles de Guédiguian...), Klapisch rend un hommage décalé et joyeux au 7° Art. A découvrir dans la collection Dvd Pocket, qui propose sur galette de nombreux courts de réalisateurs devenus célèbres, le tout à bas prix.
Margo


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Putney Swope (Putney Swope)
de Robert Downey Sr. (1969)
De l'époque où Robert Downey n'avait pas besoin de Sr pour se distinguer, il ne reste pas grand chose dans la mémoire collective des cinéphiles ou phages de tous poils. A tort ! Car ce Putney Swope, longtemps invisible, méritait une résurrection. Alléluia ! Satire, farce, incongruité cinématographique, aucun qualificatif n'est trop fort pour ce film révolté et drôle, cynique et décapant. Tout le monde en prend pour son grade et même au-delà ! Pour vous la faire courte, le Board d'une grande société de publicité, après avoir entendu un conseiller des plus folkloriques (Question. Si si, le gars dans l'hélico, c'est le conseiller, guerre du Vietnam oblige) doit voter pour élire son nouveau directeur. Comme personne ne veut favoriser son meilleur ennemi tout le monde vote pour celui dont on sait qu'il ne saurait être élu puisque noir : Putney Swope. Mais comme tout le monde a eu la même idée, voilà un Black Panther à la tête de la plus grande agence New Yorkaise de pubs. Et Putney d'engager la société dans une black attitude (il engage des militants noirs à tous les postes, Antonio Fargas en indice 2), et ce jusque dans les pubs (Indice 1, seules les pubs sont en couleur). Engagement social et politique, business, Downey explose tous les codes, toutes les idées convenues dans un film déjanté beaucoup plus profond et surtout moins simpliste qu'il n'y paraît.
Pasco Meisner


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Touchez pas au grisbi (Touchez pas au grisbi)
de Jacques Becker (1954)
La place était toute trouvée dans cette semaine classique pour le chef-d'œuvre de Jacques Becker qui est aussi, ça tombe bien, mon film français préféré. Touchez pas au grisbi est une œuvre fondamentale à plus d'un titre. Déjà sur un plan historique, il marque l'avènement du polar français moderne dont les héritiers se compteront par dizaines, et il célèbre le retour au premier plan de Jean Gabin (Indice 2), qui avait perdu son aura d'avant-guerre et "végétait" dans des productions (pourtant pas toutes déshonorantes) qui avaient du mal à enflammer le public. A partir de cette année 1954, Gabin devient le "parrain" du cinéma français et jouera jusqu'à plus soif ce type de personnage dans des films de qualités diverses. Mais Touchez pas au grisbi, c'est surtout la démonstration du talent de Jacques Becker, maître de la digression. Le cinéaste fait sortir la vérité de ses personnages et des situations en privilégiant la somme des petits détails qui compose, in fine, une toile vivante et impressionniste. C’est dans ces moments précis que Becker étire le temps et rend ses personnages réalistes tout en leur conférant petit à petit un statut mythologique (déjà présent dans le livre de Simonin, mais ici amplifié) qui les rend immortels. Ainsi, le cinéaste articule l’humanisme et la légende, ce qui fait en grande partie la force de son film. C’est avec ce récit d’amitié fatale que surgit aussi le Becker romantique éperdu et désespéré, le film racontant la quête impossible d’un homme qui ne peut échapper à sa condition de truand après avoir organisé un dernier coup (les lingots volés de l'Indice 1) et dont le point faible, et donc aussi son honneur, reste l’attachement profond à son ami Riton. Plus on avance dans le film, plus celui-ci devient noir. D’une chronique quasiment sociale et urbaine avec ses accents débonnaires, Touchez pas au grisbi devient vite un véritable film noir, scandé par le thème inoubliable de Jean Wiener (diffusé par le juke-box dans la Question). Les dialogues délectables et hauts en couleur de Albert Simonin trouvent dans la troupe formidable de comédiens réunis - Gabin, Lino Ventura, Paul Frankeur, Jeanne Moreau, Dora Doll - des serviteurs dévoués et robustes qui achèvent de rendre ce Touchez pas au grisbi essentiel, incontournable, et surtout bouleversant.
Roy Neary


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La captive aux yeux clairs (The Big Sky)
de Howard Hawks (1952)
Ce film est un vrai hymne à la nature et à la liberté... Howard Hawks nous offre un grand film d'aventure avec l'histoire de ces trappeurs qui parcourent les territoires sauvages à bord d'un bateau pour convoyer et troquer des fourrures et autres objets de valeurs avec des indiens, et accessoirement raccompagner une princesse indienne chez elle, princesse qui servira aussi de sauf-conduit en cas de problèmes.
Kirk Douglas et Dewey Martin sont bien les interprètes principaux du film, pourtant, dès que ces deux nouveaux amis rejoignent le groupe des trappeurs, c'est cette entité qui devient l'acteur principal. On sent que Hawks veut orienter son film sur la force que dégage un groupe d'hommes unis, ce qui leur permet de traverser la nature sauvage, les attaques ennemies et les autres embuches qui se dressent face à eux mais aussi les moments plus calmes quand ils se reposent ou qu'ils chantent autour d'un feu de camp ce qui permet de renforcer leurs amitiés... Une fois à l'intérieur de cette troupe tout paraît tellement plus simple et facile qu'à la fin du périple, les personnages de Kirk Douglas et Dewey Martin y gagnent la maturité qui leur manquait au début du film. Seul petit bémol pour moi, le film aurait gagné en puissance s'il avait été tourné en couleur du fait des nombreux paysages magnifiques que nous offre Monsieur Hawks.
L'étranger


6



L'homme-homard venu de Mars (Lobster Man from Mars)
de Stanley Sheff (1989)
Harry Hausen


7



Sergent York (Seargent York)
de Howard Hawks (1941)
Roy Neary


8



Le Quatrième Homme (Kansas City Confidential)
de Phil Karlson (1952)

Un mystérieux homme au visage couvert (Indice 1) réunit trois malfrats pour le braquage parfait : les hommes, qui demeurent masqués et ignorent donc les identités de leurs complices, se séparent une fois le vol commis, seuls quatre rois d'un jeu de carte leur permettant de se reconnaître, une fois que la police aura abandonné les recherches, pour partager le butin. Le plan est parfait, à une exception près : un fleuriste, Joe Rolfe, est accusé à tort du vol, et décide, une fois libéré, de traquer les responsables pour prouver son innocence. Ayant retrouvé l'un d'entre eux (le nerveux Jack Elam, indice 2), il décide de prendre la carte de celui-ci pour se faire passer pour l'un des braqueurs, appelés à se retrouver dans un bouge mexicain.
J'ai déjà crié mon amour du film noir lors de la semaine 6, avec The Big Combo, et je réitère ici avec ce film mésestimé, rarement cité parmis les réussites du genre, mais qui obéit à la règle d'or : une intrigue limpide, mais suffisamment circonvotordue pour aller trifouiller au plus profond de l'âme humaine, en posant les questions de l'impuissance face à l'injustice, de la cupidité, de la vengeance personnelle, etc... Dans Kansas City Confidential, aucun personnage n'est véritablement sauvable, et aucune relation humaine ne saurait être sincère, puisqu'elle risque pour chacun de révéler au grand jour ses intentions véritables (et forcément inavouables : dans le film noir, l'homme est une ordure, qu'on vous dit !).
Ainsi, le triangle le plus intéressant du film (proposé en Question) met au prise ses trois protagonistes principaux dans un enchevètrement conflictuel d'intérêts absolument passionnant (ça va avoir l'air complexe, mais c'est comme je l'ai déjà dit à l'écran limpide) :
Helen est la fille de Tim Foster, policier à la retraite possessif, tombée amoureuse de Joe Rolfe (qui a succombé à ses charmes également), mais celui-ci se fait passer pour Pete Harris, l'un des braqueurs. Sauf que la seule personne connaissant le véritable Pete Harris est le chef des braqueurs, qui n'est autre que... Tim Foster, qui voit donc sa fille tomber amoureuse d'un menteur, mais qui ne peut lui expliquer sous peine de révéler sa propre turpitude ! Le film chatouille ainsi nos neurones dans de nombreuses et stimulantes directions, avec une cruauté jouissive, offrant à l'écran ce qu'il faut de violence (physique comme verbale), le tout enrobé dans une mise en scène globalement fonctionnelle mais pourtant pas dénuée d'inventivité (le trajet en voiture final jusqu'au bateau). Un vrai régal de film noir, pour amateurs forcenés du genre.
ed crane


9



Je suis une légende (The Last Man On Earth)
de Ubaldo Ragona & Sidney Salkow (1964)
Adapté du roman de Richard Matheson I am Legend paru en 1954, le film co-réalisé par Sidney Salkow et Ubaldo Ragona reprend le thème principal.
Ici, le personnage central est le docteur Robert Morgan (Vincent Price), il est le seul survivant d'une épidémie qui a ravagé la planète, cette épidémie a transfromé tous les hommes en vampires. Morgan survit péniblement en sortant le jour pour trouver de la nourriture et essayer d'éliminer un maximun de vampires. Mais la nuit venue, il se terre dans sa maison qu'il a barricadée et protégée contre l'assaut des vampires qui rôdent.
Le film est bercé par une voix off qui nous raconte le passé et les faits et gestes du personnage interprété par Vincent Price (c'est plus ou moins sa pensée), sachant que se sera certainement le seul homme "normal" durant tout le métrage, notre identification au personnage se fait donc encore plus automatiquement grâce à ce procédé narratif.
La force du film ne vient pas de ses scènes d'actions - il n'y en a pas beaucoup, ni de ses scènes gores - très peu de sang malgré ce que le sujet pouvait laisser entendre, non, la force du film vient du sujet en lui-même. Le fait que, petit à petit, le spectateur se rend compte que c'est cet homme ordinaire - celui à qui on s'est identifié - qui est devenu totalement inutile dans ce monde parallèle. Ce survivant, dont on aurait voulu qu'il sauve le monde en tant que spectateur, est amené à disparaître afin que les vampires s'organisent et commencent leur règne en tant que nouveaux dominants de la planète. Une fin assez pessimiste pour l'humanité comme nous la connaissons mais qui est un bien beau happy end si on se met à la place des vampires !
Une histoire bien interessante donc qui vient une nouvelle fois d'être adaptée au cinéma sous la forme d'un bon gros blockbuster américain avec Will Smith en vedette, nul doute que cette fois les scènes d'actions vont être légions, mais l'élément principal ne risque-t'il pas de passer à la trappe ?
L'étranger


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La première balle tue (The Fastest Gun Alive)
de Russell Rouse (1956)
Et oui, un western de plus, mais le genre est tellement riche que quelques collègues Glanches et moi-même tenions à lui rendre un hommage appuyé dans notre session (en gros ça veut dire qu'il y en aura encore). Celui-ci n'est pas le plus remuant des westerns. Il est même très calme. L'histoire est assez simple aussi mais le film a un bon suspens et il dégage une telle tension que le spectateur est tenu en haleine jusqu'à la dernière minute.
George Temple (Glenn Ford) a un don. Il est tout simplement LE tireur le plus rapide de l'ouest. Mais il a un énorme problème, la simple pensée de tester sa rapidité et son habilité lui font perdre tous ses moyens et il reste tétanisé par la peur. Il n'a aucun problème pour montrer son adresse devant de nombreux spectateurs (1ère photo). Mais dès qu'un tireur le provoque, il se retrouve obligé de fuir avec sa femme, de changer de ville, d'identité et d'essayer de reprendre une vie normale. Aussi, lorsqu'un redoutable hors-la-loi (et excellent tireur, 2ème photo) en escale dans sa nouvelle petite ville prend connaissance de l'existence d'un tel opposant, il décide de rester et de détruire toute la ville jusqu'à ce que lui soit amené cet homme pour le défier dans un duel à mort...
Russell Rouse n'est pas un réalisateur connu, ce qui n'empèche pas le film d'être une petite merveille, outre une qualité technique irréprochable, il bénéficie d'un superbe noir et blanc. Le casting est à la hauteur, Broderick Crawford est un hors-la-loi plus vrai que nature, Jeanne Crain, qui joue la femme de Glenn Ford, est sublime et Glenn Ford nous prouve encore une fois qu'il fait parti des meilleurs acteurs de cette époque. Petite anecdote sympathique, Glenn Ford était rééllement un des hommes les plus rapides de l'Ouest, son perfectionnisme, son amour du genre et de longues heures d'entraînements ont fait de lui l'acteur le plus rapide à dégainer son colt !
L'étranger


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Viy ou le diable (Viy)
de Georgi Kropachyov et Konstantin Yershov (1967)
Harry Hausen


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Tarantula (Tarantula)
de Jack Arnold (1955)
Harry Hausen


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Bullet Ballet (Bullet Ballet)
de Shinya Tsukamoto (1998)
Rocka


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En Angleterre occupée (It happened here)
de Kevin Bromlow & Andrew Mollo (1965)
Le restaurateur Kevin Bromlow et le décorateur Andrew Mollo étaient encore adolescents lorsqu’ils ont entamé le tournage de ‘It happened here’, un tournage qui allait durer près de huit ans, sans aucun moyen – le budget total est estimé à 20 000$ -, avec des acteurs non-professionnels et du matériel emprunté. Le résultat est pourtant bluffant. Adoptant une esthétique documentaire, ce film ne raconte rien de moins que les conséquences d’une invasion réussie de l’Angleterre par l’armée allemande (Indice 1). Rien ne manque : meetings (Question), films de propagande, exécutions, parades de l’occupant en des lieux symboliques (Indice 2), expériences eugénistes, toutes ces séquences sont d’un réalisme terrifiant. Le tout est vu à travers le personnage d’une jeune femme à priori apolitique mais dont l’engagement se traduira au travers de son activité d’infirmière. Un film rare, longtemps invisible, dont on peut supposer qu’il influença Peter Watkins au moment de réaliser ‘The War Game’.

Disponible en Z1 chez Image, sans sous-titres.
Swan


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L'ange rouge (Akai Tenshi)
de Yasuzo Masumura (1966)
Encore !? Ne croyez pas que je ne vous ai pas entendu me vilipender en découvrant un nouveau Masumura dans cette session. Et bien, je persiste et signe. L'ange rouge est un grand, très grand film sur la guerre, ses méfaits et ses anges, tout rouges soient-ils… Pas d'héroïsme, pas d'idéalisme, pas d'actes de gloire. Ici la guerre se résume exactement aux blessures irréparables qu'elle inflige à ceux qui la font. Dans cet hôpital de campagne, ça ampute (question), ça pare au plus blessé. Au milieu de ce désastre, Ayako Wakao (dont les esthètes auront certainement reconnu le dos – et quel dos ! – ici exempt de tout tatouage en indice 1 sinon le visage en indice 2) campe une infirmière envoyée en première ligne et qui malgré ce qu'elle subit reste pétrie d'une foi inébranlable en l'humanité. Plongée dans une atrocité permanente et peu édulcorée qui la marque mais ne semble pas la toucher, cette admirable n'aura de cesse de faire le bien. Inoubliable figure dans un non moins inoubliable film. Masumura et Ryozo Kasahara subliment le roman de Yoriyoshi Arima pour nous livrer une oeuvre pessimiste et céleste, érotique et brutale.
Pasco Meisner


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Tempête à Washington (Advise & Consent)
de Otto Preminger (1962)
Avec son pitch un rien rebutant (la guerre de tranchée politique et procédurière autour d'une nomination au Secrétariat d'Etat aux Affaires Etrangères), Tempête à Washington n'a l'air de rien, comme ça. Et pourtant... Non content d'être l'un des films politiques les plus carrés qui soit, le chef-d'oeuvre d'Otto Preminger est un suspens haletant et une leçon de démocratie instantanée, comme avait pu l'être en son temps Monsieur Smith au Sénat (Frank Capra) ou le magnifique L'homme qui tua Liberty Valance, de John Ford, sorti la même année que Tempête à Wahington. Serti d'un casting plaqué or (Henry Fonda, Walter Pidgeon, Burgess Meredith, Gene Tierney...), le film est porté par un Charles Laughton habité, qui trouve ici l'un de ses plus grands rôles. Personnage complexe, intellligent, brillant, son Seabright Cooley est à l'image du film : tout simplement génial.
Margo


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Bob le flambeur (Bob le flambeur)
de Jean-Pierre Melville (1956)
Avouons-le toute honte bue : cela doit bien faire une bonne dizaine d'années que je n'ai pas revu Bob le flambeur. C'est donc plus au souvenir diffus d'un chouette film noir qu'à une revision récente que le polar de Jean-Pierre Melville doit sa présence dans la 26° (et non moins géniale, mais là je brode...) session du FRCD. Diffus, les souvenirs d'une scène de casino magnifiquement photographiée, de personnages solidement campés par une bande d'acteurs bien de leur époque (Roger Duchesne, Howard Vernon...) ou d'un accent parigot typique du cinéma hexagonal des années 50. A confirmer en se collant devant le Criterion ou devant son pendant français (Studio Canal), ou/et en donnant une chance au remake hollywoodien signé Neil Jordan : L'homme de la Riviera, avec Nick Nolte.
Margo


18



Korczak (Korczak)
de Andrzej Wajda (1990)
Vu complêtement par hasard, lors d'une projection au festival de Cannes, Korczak m'a pris par surprise. Je n'attendais rien d'un film sur un tel sujet, mais j'ai été happé dés le début. Le film est porté par un comédien au sommet de son art, Wojciech Pszoniak, qui donne l'humanité nécessaire à son rôle de médecin. Cela nous donne un film extrêment touchant, plus fort à mon avis que La liste de Shindler ou La vie est belle pourtant plus connus. A travers le parcours d'enfants abandonnés (Question), Wakda nous décrit l'horreur de la guerre et du génocide (Indice 1), malgré l'ultra réalisme du film il arrive à nous laisser un peu d'espoir grâce au personnage de Korczak véritable guide pour ces enfants (Indice 2). Malheureusement le film est difficiliment visible vu qu'il n'existe qu'un dvd allemand sans stf à ma connaissance.
Rocka


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American Folk Story (A Mighty Wind)
de Christopher Guest (2003)
Vous avez probablement vu ‘This is Spinal Tap’, l’hilarant premier film de Rob Reiner qui suivait un groupe imaginaire de heavy metal lors d’une calamiteuse tournée américaine. Christopher Guest, qui jouait le guitariste Nigel Tufnel et était déjà co-scénariste, a bien retenu la leçon. Voilà pourquoi à ce jour figurent dans sa filmographie en tant que réalisateur un certain nombre de faux documentaires, quatre à ce jour : 'Waiting for Guffman', 'Best in Show', 'A Mighty Wind' et le dernier en date, 'For your Consideration'. Sa méthode de travail est toujours la même : après avoir écrit une trame avec son co-scénariste Eugene Levy, il explique les personnages à sa troupe de comédiens – Levy, mais aussi les deux autres ex-Spinal Tap, Harry Shearer et Michael McKean, ainsi que Catherine O’Hara, Don Lake, Parker Posey et bien d’autres. Puis il les laisse improviser, et tourne, comme s’il réalisait un authentique documentaire. Il met en boîte entre 60 et 90 heures d’interviews pour les monter en un film de 90 minutes.

Le résultat ? Des films drôles, tendres et parfois cruels. 'Waiting for Guffman' raconte la préparation d’un spectacle amateur racontant l’histoire d’une petite ville, où toute la troupe espère la venue d’un hypothétique émissaire de Broadway. 'Best in Show' relate un concours canin quasi-surréaliste. Quant à 'For your Consideration', il raconte comment le tournage d’un film indépendant est perturbé par la rumeur d’un possible Oscar. De tous, 'A Mighty Wind' est peut-être le plus drôle, c’est en tous cas le plus proche de Spinal Tap. L’argument est simple : un producteur de musque folk vient de disparaître ; afin de lui rendre hommage, son fils décide d’organiser un concert hommage avec trois de ses principaux groupes, The New Main Street Singers, The Folksmen – campés par nos trois ex-Spinal Tap (Indice 2) -, et surtout Mitch & Micky, un duo façon Sonny & Cher, qui se réunira peut-être si les médecins laissent sortir Mitch. Comme tous les films de Christopher Guest, c’est un voyage dans une Amérique gentiment surréaliste, où une mère ultra-protectrice oblige son fils à porter un casque lors de toutes ses activités, même pour jouer aux échecs (Question), et où un passionné de train miniature n’oublie pas de construire un quartier français et son bordel (Indice 1). De plus, Guest et ses amis, qui sont également de vrais musiciens, n’oublient pas de composer au passage des pastiches de chansons n’ayant rien à envier aux succès de Spinal Tap – impossible de ne pas fredonner ‘A Mighty Wind’ ou ‘Wandering’ après avoir vu le film.

Découvrez l’univers délirant et doux-amer de Christopher Guest, vous ne devriez pas le regretter. Les quatre films sont disponibles en Zone 1 chez Warner en VOST. Merci encore à Tom Peeping.
Swan


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Vacances (Holiday)
de George Cukor (1938)
Si l'on peut tout à fait laisser les rires gutturaux sortir de nos thorax agités par la vision des comédies américaines actuelles, très orientées zizi-caca, on peut également, sans passer pour un rabat-joie aigri, regretter l'époque bénie du screwball, ces comédies hollywoodiennes subtilement hystériques, qui remuaient les conventions sociales avec classe et folie, en n'oubliant jamais et avant tout de construire des personnages denses, attachants et drôles (tant qu'à faire). J'aurais donc pu rendre hommage aux Leo McCarey, Howard Hawks, Garson Kanin, Mitchell Leisen, Franck Capra ou tant d'autres, mais si mon choix s'est porté sur ce film de George Cukor, c'est autant pour saluer la carrière d'un cinéaste particulièrement élégant (The Philadelphia Story demeure un sommet du genre) que pour inciter mes éventuels lecteurs à découvrir cette délicieuse satire sociale, portée par le couple ultime de la comédie américaine, incarnations idéales du charme et de l'énergie, j'ai nommé Katharine Hepburn et Cary Grant, réunis lors de la scène finale sur l'Indice 2.
Grant y incarne donc Johnny Case, un jeune rêveur en pleine ascension sociale, sur le point de se marier avec l'une des héritières de la dynastie Seton, dont le patriarche incarne l'archétype de l'aristocratie new-yorkaise (au centre sur l'indice 1). Ayant des difficultés à respecter les protocoles et à se plier aux codes et aux attentes de sa future belle-famille, Johnny Case découvre surtout dans la giganstesque demeure des Seton la soeur de sa future promise, Linda (Katharine Hepburn donc) qui se révèle être, par sa fraîcheur et son esprit libertaire, bien plus proche de lui. Finalement assez intéressant dans sa manière de mettre en (dés)équilibre les aspirations souvent innocentes du jeune dandy et sa confrontation au réel via l'exigence cruelle et souvent absurde de la haute-société, le film convainc également par cette énergie de vie, ce dynamisme euphorisant et sympathique jusque dans ses excès naïfs, principalement grâce à ses seconds rôles hauts en couleur, du couple Potter (principalement Edward Everett Horton, sur la Question, en professeur loufoque) à l'asocial troisième membre de la fratrie Seton, le désopilant frère alcoolique Ned, génialement incarné par Lew Ayres (à gauche sur l'indice 1). Ainsi, Holiday est de ces films musculairement indispensables qui font simultanément travailler les zygomatiques et le cerveau !
ed crane


21



Le général (The General)
de John Boorman (1998)
Il fallait bien au milieu de ces classiques naphtalinés que je vous glisse un film récent faisant lui aussi appel au charme sans faille du noir et blanc. C'est chose faite avec ce General. Faire d'un criminel un héros est souvent chose aisée. Mais Boorman adaptant le roman de Paul Williams évite l'écueil de la facilité. Cahill n'est au fond ni glorieux ni héroïque. S'il est irrévérencieux et haut en couleur, il est aussi et surtout borné, polygame et violent. Son portrait n'est pas une hagiographie mais l'humanité et la grandeur toute en demi-teinte que lui confère impécablement Brendan Gleeson (Indice2) est telle qu'on se laisse embarquer dans cette histoire de l'Irlande des heures noires. Cahill cambriole les maisons et appartements alors que les gens sont chez eux et découvre leurs secrets (Question, la légende veut que Cahill ait cambriolé la propre maison de Boorman), Cahill fait le show (Indice 1) mais malgré toutes ses ruses, toutes ses irrévérences, tout son courage, Cahill va tomber, comme tombent tous ceux qui se dressent contre une voire plusieurs adversités plus grandes qu'eux. Au final un film touchant et drôle, qui serait bien peu crédible tant ce qu'accomplit Cahill est incroyable s'il ne racontait une histoire (plus ou moins) vraie !
Pasco Meisner


22



Kill Bill (Kill Bill: Vol. 1)
de Quentin Tarantino (2003)
Aprés avoir essayé de rendre ce film difficilie à trouver, je me suis dit que cela serait MA capture ultra facile de la session. Et les résultats me l'ont confirmé, c'est quasiment un carton plein. On ne présente plus le film de Tarantino, détesté par les uns, adoré par les autres, vu que je le propose vous devez bien vous douter dans quel camp je me place (enfin pour le premier volume en tout cas). Une question à peine piégeuse, le noir et blanc étant compensé par la présence du sabre. Les plus attentifs auront noté le clin d'oeil à une précédente proposition de Pasco (Gone in 60 seconds) pour mon indice 1, et pour finir le magnifique combat final en indice 2.
Rocka


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L'Aigle des mers (The Sea Hawk)
de Michael Curtiz (1940)
Qui dit classiques hollywoodiens dit films de pirates ! Et qui dit pirates dit... Errol Flynn ! L'équation est simple et surtout magique. Dans les années 1930, les grands studios américains, dont surtout la Warner, inondent les écrans de films d'aventures à grand spectacle qui déchaînent les passions. Symbole de cette fougue et de cet état d'esprit : un acteur à la beauté fulgurante et au charisme flamboyant venu d'Océanie et qui brûlera sa vie par les deux bouts. Errol Flynn fait partie de ces légendes immortelles dont la noblesse du geste sur l'écran ravit nos mirettes, même si elle ne renvoie pas nécessairement à celle de l'homme qu'il fut dans son existence… Flibustier au service de Hollywood (comme son personnage l'est au service de la Reine d'Angleterre dans le film), Flynn était surtout un pirate dans la vie, mais on s'en moque ! La chanson du geste, c'est aussi celle interprétée par Michael Curtiz, grand cinéaste du mouvement, du rythme à l'intérieur des plans, du dynamisme, des ballets entre les ombres et la lumière (Indice 1). Ayant œuvré, et souvent de la meilleur des façons, dans tous les genres, il signa plusieurs classiques du film d'aventures dont ce fameux Aigle des mers qui propose avec bonheur toutes les péripéties propres au genre - dont les célèbres séquences d'abordage (Indice 2). Troisième figure de ces superproductions d'orfèvre, de ces divertissements chatoyants qui n'oubliaient pas d'être intelligents, le compositeur Erich W. Korngold (Question) dont les musiques sont indissociables de cet âge d'or des films d'aventures un brin naïfs mais toujours électrisants. Vos nombreuses réponses à la question démontrent que ses compositions puissantes et enflammées ont brillamment traversés les années.
Roy Neary