Les Glanches entrent dans la danse

La semaine est terminée



1



Captain Orgazmo (Orgazmo)
de Trey Parker (1997)
Pour ceux qui douteraient encore que Trey Parker et Matt Stone, les deux compères à l'origine de South Park, sont des barjeots complets, Captain Orgazmo est là pour les convaincre. En effet, quel esprit normal peut imaginer cette histoire de prêcheur mormon spécialiste du kung fu, qui réussi malgré lui une carrière de super héros porno star, puis de vengeur masqué répandant les orgasmes sur son chemin. Une fois ce postulat posé, tout est prétexte aux délires les plus fous. Les différentes images sont là pour vous en donner la preuve, des mexicains jouant de la musique nus (Question), l'accolyte d'Orgazmo en facheuse posture avec une porn star (Indice 1), pour culminer par la starification ultime d'Orgazmo en couverture d'un célèbre magazine américain (Indice 2).
Rocka


2



The yards (The Yards)
de James Gray (2000)
Dans le commentaire d'Undertow, je vous avais affirmé mon amour pour le cinéma et la sombre vision du monde de James Gray, teaser subtilement glissé pour mon premier choix de cette semaine. Comment ne pas succomber au charme glaçant tout en clair obscur (quel travail de Harris Savides !) et à l'implacable écriture, signée Gray et Matt Reeves, de ce grand voyage au bout de rien, sinon de soi même et de sa propre bassesse ?
Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce polar un drame. Mais un drame social car ici, tout comme dans Little Odessa, Gray s'applique à montrer comment le gangster américain n'a qu'une idée : s'élever vers la richesse à s'y brûler les ailes tant il faut y sacrifier. Fini le culte de la famille (aux deux sens du terme) cher au Coppola du Parrain. James Caan (tiens tiens) ici n'est ni écouté ni même respecté par les siens (au sens strict comme au sens large)… Tout n'est que magouilles, corruption, mensonges et trahisons. Leo y sauvera-t-il son âme ?
Un film dense en semaine danse donc… Car the yards parle aussi et surtout de solitude, solitude familiale, sociale, amoureuse, solitude dans les décisions à prendre pour envisager sa vie et me rappelle ces quelques mots de Springsteen When I look at myself I don't see The man I wanted to be Somewhere along the line I slipped off track. Ce problème à se positionner, Leo commence à le ressentir, lui qui compte bien rester dans le droit chemin, sur de bons rails devrais-je dire, dès les prémisses de sa sortie de taule. Mais déjà face à la méconnaissable et intense Charlize Theron (Question), il commence à se perdre et se perdra jusqu'à replonger, participant à des deals illicites (Indice 1) voire bien pire avant de se reprendre mais à quel prix… Alors que tout dans la vie de Leo ne cesse de dérailler, que ce film parle de rames de métro et de rails (Indice 2, ici dans les entrepôts du titre) qui l'emmènent au bout de lui-même pour finalement le ramener à son point de départ, ne serait donc peut être pas une simple coïncidence…
Pasco Meisner


3



Les Quatre Charlots Mousquetaires (Les Quatre Charlots Mousquetaires)
de André Hunebelle (1974)
Harry Hausen


4



Un jour aux courses (A Day at the Races)
de Sam Wood (1937)
Entre la semaine contestataire (S3) et ce film, les deux facettes du marxiste qui sommeille en moi auront été comblées par l'organisation de cette session. J'ai en effet remarqué le relatif désintérêt pour les Marx Brothers affiché par mes prédécesseurs lors des 25 sessions précédentes (sauf erreur de ma part, seul Duck soup a déjà été proposé) et entrepris de partiellement combler cette injustice en proposant A day at the races, de mon point de vue le meilleur de leur période MGM.
Pour les profanes (et pardon pour les autres) s'il en existe encore, précisons que, tout en étant par excellence le comique du désordre et du chaos, l'art des Marx Bros obéit à un certain nombre de rituels immuables, qui consistent de manière à peu près exhaustive à
1/ détruire tout ce qui n'appartient pas à la fratrie - les locaux (les hôpitaux ici - Indice 2 - comme ailleurs les hôtels, les magasins, les bureaux, les demeures privées etc...) comme les personnes (si Margaret Dumont mérite d'être couronnée comme meilleure souffre-douleur de l'histoire du cinéma, le pauvre Sig Rumann n'est dans ce film-ci pas épargné non plus)
2/ enchaîner les dialogues et les situations surréalistes (le terme ne devra pas paraître usurpé, André Breton ayant vigoureusement défendu Animal Crackers à sa sortie) avec les quiproquos à rallonge (plutôt le domaine de Chico le gouailleur), les calembours les plus honteux (plutôt celui d'un Groucho espiègle et spirituel) et des gags de slapstick pur (plutôt celui de Harpo le mime lunaire)
3/ offrir à Chico son numéro de piano et à Harpo celui de harpe, habilement condensés ici en une séquence d'anthologie (Question sonore) où Harpo vient prendre la suite de Chico (et son style reconnaissable entre mille), pour s'énerver sur son piano, le détruire totalement... et en extraire l'armature de cordes lui permettant de débuter son numéro de harpe...
4/ distiller au milieu de tout ça un esprit unique, indescriptible, désinvolte mais rigoureux, anarchiste mais quelque part moral, poétique mais en le réfutant presque, parfois agaçant mais au final irresistible...
Ce film-ci respecte donc ce cahier des charges, mais s'en trouve sublimé par la qualité de ses numéros et par les quelques "améliorations" proposées comme ce spiritual improvisé dans une grange, sur un rythme endiablé, en Indice 1 - ou la profondeur inhabituelle du personnage d'Hackenbush, que Groucho prétendit plus tard être son préféré.
Pas forcément le film idéal donc pour entrer dans leur univers unique (incontestablement, Duck soup est à ce titre le film idéal), mais pour peu qu'on y ait déjà mis les pieds, A day at the races est un grand film iconoclaste, hilarant, imprévisible et totalement jouissif.
ed crane


5



Faubourg Saint-Denis (True)
de Tom Tykwer (2004)
C'est bien simple, je pense trés sincèrement que Tykwer est un des nouveaux grands du cinéma mondial. D'aucuns me rétorqueront que son adaptation du Parfum n'était pas une grande réussite, mais les plus grands s'y étaient déjà cassé les dents. Lui aura eu au moins le mérite de faire un bon film de l'extraordinaire roman de Patrick Susskind. Paradoxalement, son film le plus connu "Cours Lola cours" est sans doute celui que j'aime le moins. Dans tous ses films Tykwer arrive à amener une poésie par sa mise en scène. Et ce court métrage n'échappe pas à la rêgle. Moment fort de la débacle Paris je t'aime, True doit aussi sa réussite à ses deux interprêtes principaux, remarquables tant l'un que l'autre (Question), profondemment ancré dans un quartier parisien (Indice 1) le film nous raconte en trés peu de temps une formidable histoire d'amour, qui donne envie de retomber amoureux. En Indice 2 impossible de faire l'impasse sur une Nathalie Portman rayonnante, comme d'habitude pourrait on dire.
Rocka


6

 *


* Format IMDB 1.66:1
Simple Men (Simple Men)
de Hal Hartley (1992)
Margo


7



Le Capitan (Le Capitan)
de André Hunebelle (1960)
Harry Hausen


8



1941 (1941)
de Steven Spielberg (1979)
Suite à l’attaque surprise de l’aviation japonaise sur Pearl Harbor, les citoyens américains sont sur le qui-vive. La panique a atteint tout le pays et particulièrement la Californie qui s’attend à un débarquement de l’ennemi. Un sous-marin japonais, avec à son bord un officier nazi, croise au large de la côte avec l’intention d’attaquer un centre névralgique des Etats-Unis : Hollywood ! Pendant ce temps, la population et l’armée se préparent dans le désordre et dans une folie de plus en plus contagieuse (Indice 1 : le fils de Ned Beatty qui dîne avec son masque à gaz). Célèbre pour être le seul bide en salles de Spielberg, 1941 s’est depuis largement rattrapé en vidéo, et sa réputation n’a fait que grandir avec les années. 1941, c’est la rencontre insolite entre le film de propagande typique des années 40 et Hellzapoppin, le rejeton improbable du film de guerre paranoïaque et des Marx Brothers. Ecrit par le jeune duo Robert Zemeckis/Bob Gale (futurs responsables de la merveilleuse trilogie Retour vers le futur), le projet est produit par John Milius qui en confie les rênes à Steven Spielberg tout droit sorti du triomphe de Rencontres du 3ème Type. C’est l’occasion pour le cinéaste cinéphile de diriger un fantastique barnum cinématographique qui va convier l’imagerie classique hollywoodienne et ses genres au service de cette gigantesque pochade. Le délire des situations et des personnages va trouver son pendant dans la mise en scène inventive et déchaînée de Spielberg qui, tel un enfant gâté, va brutaliser ses jouets. Dans les années 70, le réalisateur est le maître du jeu à Hollywood, et ce film prend la forme d’un exercice libertaire et libératoire doté d’un très gros budget, dont on aurait du mal à imaginer l’équivalent aujourd’hui. Bien entendu, il faut être amateur de l’humour si particulier développé ici pour ne pas perdre prise, en particulier celui issu de l’émission culte Saturday Night Live qui a révéla les futurs gloires présentes dans 1941 : John Belushi, Dan Aykroyd ou John Candy. Parmi les différents types de comédie exploités, le plus succulent vient des hommages détournés qui mettent en présence des légendes vivantes du cinéma se prêtant à cet exercice : Toshiro Mifune, Christopher Lee, Robert Stack ou encore Samuel Fuller. La dimension chorégraphique propre au style spielbergien est mis en avant dans cette œuvre démentielle qui prend délibérément l’apparence d’une comédie musicale, avec la complicité du fidèle John Williams qui parodie un peu sa composition de La Bataille de Midway (Question). Spectacle grotesque, hystérique, sarcastique et frapadingue (Indice 2 : le début de la fameuse scène de la roue avec Eddie Deezen et sa marionnette !), bénéficiant d’un casting incroyable, 1941 enchaînent les gags et les séquences à vitesses grand V. Hollywoooooooooooooooooooooooooooood !!!!
Roy Neary


9



Sur la route de Madison (The Bridges Of Madison County)
de Clint Eastwood (1995)
Réussir à me faire aimer cette banale histoire d'amour n'était pas gagné d'avance, loin de là, les mélos n'étant pas mon genre de prédilection, mais bon, Eastwood étant l'un de mes acteurs/réalisateurs préférés, je me suis quand même décidé à voir ce film qui plaisait à tant de monde - pour l'anecdote, une copine à moi, qui était folle du film, avait profité d'un voyage aux Etats-Unis pour aller dans la petite ville à côté du pont où se passe l'action du film et elle m'avait raconté que l'endroit était devenu un passage obligatoire pour les couples qui avaient adoré le film, un lieu de pélerinage... gloups, de quoi faire peur au fan de Van Damme que j'étais ! Mais bon, je me décide quand même à mettre la cassette vidéo dans mon magnétoscope et ... PAF !!! vas-y que je te prends le film en pleine face, me retrouvant à pleurer comme une madeleine en regardant Eastwood sous la pluie ou en voyant Meryl Streep faire comme s'il ne s'était rien passé quand sa famille rentre à la maison.
Clint Eastwood est vraiment un génie car, dans cette histoire d'amour simple mais forte, il a la finesse de ne pas en rajouter dans le sirupeux, les personnages ont des comportements tout ce qu'il y a de plus normal et la réalisation se fait discrète au point que tout semble réel, voir banal... Et justement, c'est dans cette banalité (celle qui me rebutait tant au début) que je me suis retrouvé. Voilà que je m'identifie à ces deux âmes en peine qui étaient résignées dans leur destin, enfermées dans leur quotidien, n'attendant plus rien de la vie et qui, pourtant, arrivent à s'offrir quelques instants d'amour pur et intense, de celui qu'on espère connaître une fois dans sa vie, raah, que c'est beau... Et que c'est triste aussi, quand on a une barrière (familiale, éthique, religieuse, professionnelle, etc...) qui nous empêche de nous épanouir. Non, après avoir vu ce film, pour moi, ce n'était plus possible, on n'a qu'une seule vie et il faut qu'on y trouve (aussi) notre bonheur.
Pour conclure, ce film fait parti de ces très rares films qui ont influencés ma vie personnelle et rien que pour ça, il vaut toutes les récompenses du monde.
L'étranger


10

 *


* Format 1.85:1 selon imdb
Association criminelle (The Big Combo)
de Joseph H. Lewis (1955)
Quitte à tomber à mon tour dans le style de phrases péremptoires que j'exècre habituellement, il me faut l'avouer sans détour : à mon sens, le film noir est le genre cinématographique par excellence. Offrant des intrigues souvent réduites à l'essentiel (meurtre, trahison, vol, chantage...) pour mieux explorer les tréfonds de l'âme humaine dans ses pires turpitudes, il s'avère le lieu ultime du basculement (du bien au mal, du moral à l'amoral, de l'humain à l'inhumain, exprimez-le comme vous le voulez) et le traitement stylistique de ce flou, de cette "frontière", permet toutes les audaces aux cinéastes s'y attelant. Le bon film noir n'est donc pas celui qui repose sur une intrigue tarabiscotée, sur des retournements de situation, ou sur la surprise permanente, c'est celui qui offre la plongée la plus profonde, la plus radicale, au sein de l'obscurité intrinsèque à l'homme. Eh oui, Joseph H. Lewis et Tchekhov, même combat !
La plupart des films correspondant selon moi le mieux à cette définition ayant déjà eu les honneurs du frcd, il me fallait combler quelques uns des plus honteux oublis d'un genre par ailleurs inépuisable. The Big Combo - Association criminelle en vf - était l'un de ceux-là, et demeure tout bien considéré l'un de mes chouchous, par justement l'épure de son intrigue et l'efficacité du traitement d'icelle par Lewis.
Cornel Wilde (l'indice 1) y incarne un flic honnête, prêt à tout pour coincer l'arrogant Mister Brown (génial Richard Conte), mais qui tombe amoureux de la copine de celui-ci (Jean Wallace, prête à s'évanouir sur la Question sous les yeux des deux gorilles de Brown, dont Lee Van Cleef à gauche). Dès les premières minutes, Lewis expose l'idée de contraste qui illustre tout le film : contraste social entre le pauvre flic et le riche malfrat narguant celui-ci, accentuant ses sentiments d'impuissance et de revanche (quand je vous dis que le film noir fait appel aux sentiments les plus primitifs de l'être humain) ; contraste de lumière, ensuite, grâce au travail incroyable du chef op' John Alton, entre l'obscurité envahissante et ces touches lumineuses (la lampe du flic dans son bureau, la cigarette de Fante dans l'entrepôt...) ; contraste de ton, également, le film fonctionnant par ruptures continuelles, avec des pics d'intensité d'anthologie, tant par leur violence (la torture au solo de batterie !!!) que leur subversion (par une mise en scène sublimement évocatrice, qui va au plus loin en évitant tous les codes de censure).
Epoustétouffant (cette brume omniprésente...), implacable pour chacun de ces personnages (en particulier la touchante Rita, indice 1), le film comporte comme cerise sur la forêt noire l'une des plus brillantes, géniales, fabuleuses (arrêtez-moi je n'en puis plus) séquences de l'histoire du film noir, tant par son montage que par cet incroyable traitement sonore, séquence illustrée via Brian Donlevy sur l'Indice 2. Ne serait-ce que pour cette scène, The Big Combo serait déjà un grand film. Par le trouble infini, la cruauté sans compromis et la complexe simplicité qu'il dégage tout du long, il en devient un chef d'oeuvre, puissant et unique.
ed crane


11



Quand la ville dort (The Asphalt Jungle)
de John Huston (1950)
Margo


12



Desperado (Desperado)
de Robert Rodriguez (1995)
Robert Rodriguez s'était fait connaître avec le succès d'El Mariachi... enfin, succès, tout est relatif, car vu ce que lui aurait coûté son film (7000$), même s'il n'était sorti qu'en Bretagne, ça aurait été un succès ! Mais vu le maigre budget dont il disposait pour cette première réalisation, on peut comprendre qu'il la trouve inaboutie. Ainsi, Rodriguez, qui n'a que l'embarras du choix pour le nouveau film qu'il doit tourner, décide de refaire (*) celui-ci, mais en mieux. Il a plus de moyens, un acteur charismatique en tête d'affiche (quelle classe le Banderas dans ce film quand même !), une bomba latina (**) pour jouer la copine du héros et des seconds rôles qui ont de vraies "gueules" (ou juste une grande gueule si on parle de Tarantino-indice 2). L'avantage sur ce tournage, c'est que Rodriguez connaît bien son histoire, il sait donc que le film ne sera pas bien long, aussi, il se permet de rajouter pas mal de scènes qui mettent en avant tous ces seconds rôles patibulaires. Et c'est là qu'il me fait plaisir le petit Robert, on se croirait presque revenu au temps de Leone (hé, ho, on se calme dans le fond, j'ai dit "presque"), quand le maestro, en plein duel épique, prenait son temps pour nous raconter l'histoire du petit peone du coin. Bref, quand je visionne Desperado, je me retrouve devant un western moderne, jubilatoire, sacrément fun (indice 1)... et c'est tout ce que je lui demande.

(*) Rodriguez refait son film comme Hitchcock l'avait fait avant lui pour L'homme qui en savait trop, de là à dire qu'ils sont comme des jumeaux, il n'y a qu'un pas ... que je ne franchirai pas (j'vais pas vous refaire le coup de Spielberg/Sommers toutes les semaines quand même) !
(**) en parlant de Bomba Latina : - Hé, Salma (Hayek), si tu me lis, il faut que tu t'y fasses et que tu arrêtes de me harceler, TOUT EST FINI ENTRE NOUS ! ... Pense à me rendre le double de mes clés d'appart, merci !
L'étranger


13



Pee Wee's Big Adventure (Pee Wee's Big Adventure)
de Tim Burton (1985)
Pee Wee Herman, amuseur public, animateur populaire d’émissions enfantines à la télévision est en fait un grand enfant naïf et un peu cinglé. Il vit dans une petite maison remplie de jouets et d’inventions délirantes en tous genres. Son plus grand amour est sa bicyclette rouge et blanche qu’il chérit avec la plus grande des attentions. Un jour, celle-ci disparaît, probablement volée. Pee Wee, malheureux mais pas abattu, prend la route et part à la recherche de son vélo adoré. Au cours de son périple, de l’Amérique profonde aux Studios Warner Bros., il sera amené à faire plusieurs rencontres qui changeront sa vie. Il est souvent dit qu’un réalisateur américain débutant doit passer par le genre du road movie pour se faire remarquer. Tim Burton n’échappe pas à la « règle », mais sa personnalité fantasque ne pouvait pas sacrifier aux canons du genre et son premier film se révéla ainsi un véritable OVNI dans le paysage du cinéma US. Bénéficiant de la popularité (à l’époque) de son interprète principal Paul Rubens alias Pee Wee Herman, co-scénariste de Pee Wee’s Big Adventure, Burton dévoile sur grand écran son talent de conteur visuel après deux courts métrages fabuleux (Vincent et Frankenweenie). Certes, le cinéaste et son comédien vedette partagent la paternité du film ; mais l’univers de Tim Burton est en gestation dans cette comédie délirante, visitée par des personnages bizarres et parfois malsains, mais toujours portée par un esprit frondeur et totalement décalé de la réalité (Indice 2 avec un monstre typiquement burtonien). L’humour particulier (souvent très infantile) de Pee Wee pourra dérouter plus d’un spectateur (Question : la scène du bar où Pee Wee entame une danse ridicule), il restera alors à ce dernier à se concentrer sur la performance du réalisateur dont la personnalité et le style graphique éclateront au grand jour dans son film suivant, Beetlejuice. On tendra aussi l’oreille vers l’entêtante et joyeuse musique de Danny Elfman (Indice 1), assez inspirée par Nino Rota, qui entame ici collaboration longue et fructueuse avec le cinéaste.
Roy Neary


14



Coup de coeur (One From The Heart)
de Francis Ford Coppola (1982)
Fut un temps où le prénom associé à Coppola n'était pas encore Sofia et où son Francis de père révolutionnait ma perception du cinéma à chaque nouveau film. Après les chocs successifs des Godfather ou d'Apocalypse Now, ce fut indubitablement le cas derechef avec ce Coup de Cœur que j'ai dû voir et revoir avant de me dire que je ne rêvais pas. Dans ce film à la fois simple et expérimental, musical et évident, entièrement filmé en studio, tout n'est qu'artifice. Ode au cinéma, artifice ultime de la vie elle-même, One From the Heart fut un four retentissant. Et pourtant… On n'est jamais bien loin de la perfection (ou du ridicule, c'est selon). Ainsi, pour n'isoler que celui là mais on pourrait aussi parler décors ou montage, le travail totalement maîtrisé de Vittorio Storaro rend la lumière physique, palpable. Elle bouge, évolue, joue, a ses humeurs, ses envolées à l'instar d'un comédien… ou d'une musique, ici somptueuse (Tom Waits est violemment génial). Alors certes l'on pourrait ratiociner à loisir sur l'intérêt du scénario revendiqué par Armyan Bernstein et Coppola qui nous narre sans grande originalité pour la énième fois les déboires d'un couple qui se déchire pour mieux de recoudre (de fil blanc). Au cours d'une unique nuit dans une unique ville (Las vegas) chacun rencontrera son fantasme : un superbe danseur pour elle (Question), une artiste de cirque (Indice 2. Ah Nastassja…) pour lui, avant de mieux retourner vers son couple, alors qu'ils ne se sont jamais véritablement quittés puisque même séparés ils étaient ensemble (indice 1)… Mais cette artificialité totale et revendiquée jusque dans l'histoire elle-même, n'est-elle pas la composante essentielle de ce film si particulier ? N'en déplaise à la critique et aux spectateurs (deux belles bandes de béotiens basiques), ce Coup de Cœur est bel et bien un coup de maître !
Pasco Meisner


15



Boule de feu (Ball of Fire)
de Howard Hawks (1941)
Comment envisager une session du FRCD sans un Howard Hawks ? (On en a déjà proposé un la semaine dernière, ndg) Ah, mais attention, il est scénarisé par Billy Wilder, un autre indispensable du jeu (Ben, oui, mais on a déjà proposé deux Wilder, dont un la semaine dernière, ndg) Bon, ça suffit ! Relecture du mythe de Blanche Neige, ‘Boule de feu’ est l’un des sommets de la screwball comedy : un groupe d’universitaires, tous vieux garçons ou veufs, vit reclu dans un hôtel particulier en attendant d’achever son encyclopédie. Mais là, c’est le drame : le professeur de linguistique campé par Gary Cooper se rend compte que son article sur l’argot est parfaitement obsolète, il décide donc de retrouver le vrai langage de la rue, et note toutes les expressions qu’il entend (Indice 1). Ses pas le mènent dans un club de jazz (Question) où il est particulièrement fasciné par une chanteuse, interprétée par Barbara Stanwick, au vocabulaire particulièrement fleuri ; lorsqu’à cause de ses relations avec la pègre elle sera contrainte de se cacher, elle trouvera vite la planque idéale : la maison des encyclopédistes, ce qui sera bien entendu source de troubles (Image 2). Tous les éléments du genre sont réunis : rythme éfreiné, dialogues vifs, sous-entendus sexuels à foison, une recette magique un peu trop souvent perdue depuis.

Disponible en DVD Zone 1 MGM correct – sous-titres anglais uniquement.
Swan