Les Glanches prennent leur pied

La semaine est terminée



1



Highlander (Highlander)
de Russell Mulcahy (1986)
Purée, on vous gâte sur cette session, un deuxième film avec Christophe Lambert après Le Sicilien, si c'est pas la meilleure session que vous avez vue, je veux bien faire le marathon de Paris à poil ! Bon, je peux comprendre que ceux qui ont découvert ce film il y a un an à peine et ne l'ont pas vu en salle à l'époque de la sortie, se demandent ce qu'il fait là... Et pourtant, quand il est sorti, il est rapidement devenu un film culte pour une bonne partie des personnes qui l'on découvert. Russel Mulcahy, qui tient à se faire connaître et apprécier dans le monde entier après son sympathique Razorback, y met toutes ses tripes (depuis il n'en a plus, si vous avez vu ses autres films, vous comprendrez). Certes, le film est bourré de tics d'époque (éclairage bleuté, montage clippesque, look des acteurs très typé, etc...), mais justement, c'est aussi ce qui fait son charme encore maintenant.
Quant à l'histoire, elle joue sur un des mythes les plus fascinants chez les hommes, l'immortalité et tout ce qui en découle, le plaisir infini et sans cesse renouvelé, les connaissances illimitées, la philosophie de vie et l'expérience que celà apporte, mais aussi, la solitude, l'ennui, la lassitude ou la tristesse que l'on éprouve à la perte des êtres aimés... Oui, car Highlander sous ses airs de film d'aventures épique est un beau film d'amour, car elle est bien là, la quête que Connor McLeod mène tout au long du film : être aimé et pouvoir aimer celle qu'il aime, tout en vieillissant avec elle. Cela me rappelle, avec mélancolie, cette scène dans le passé de Mc Leod, quand il vit paisiblement avec sa première femme qui vieillit normalement, alors que lui ne change pas et qu'il la voit s'affaiblir et s'éteindre petit à petit ; une scène magnifque, bercée par un des plus beaux morceaux que j'ai pu entendre jusqu'à aujourd'hui : "Who want to live forever" de Queen. Parce que le choix de ce groupe, qui pouvaitt apparaître uniquement comme un coup médiatique pour promouvoir le film, est en fait, un coup de maître : Queen est certes l'un des plus grands groupes rock du monde, mais - et merci Brian May - il devient alors aussi un excellent compositeur de musique originale de film.
L'étranger


2



Que la fête commence (Que la fête commence)
de Bertrand Tavernier (1975)

A la suite du décès de Philippe Noiret il y a quelques mois (bientôt un an en fait), l'envie m'est venue de me replonger dans sa filmographie, pour essayer de redécouvrir l'essence d'un comédien attachant qui s'est, au fil des années, institutionnalisé bien malgré lui. En particulier, j'ai eu envie de reconsidérer la première époque de sa collaboration avec Bertrand Tavernier, en adoptant autant que possible un regard neuf, dépouillé des a-priori que pouvaient draîner tant le comédien que le cinéaste, encombrés par une image publique s'étant construite en partie ultérieurement mais pouvant toutefois perturber la réception de leurs premiers travaux. C'est ainsi avec délectation que j'ai pu découvrir ou réévaluer des oeuvres magistrales comme Coup de torchon, Le juge et l'assassin ou donc cet étrange Que la fête commence, situé lors d'une Régence traitée négligemment par les livres d'histoire et encore plus ignorée par le cinéma.
Philippe Noiret donc y incarne le Régent Philippe d'Orléans, personnalité complexe rendue encore plus insaisissable par une interprétation toute en nuances contradictoires, pris entre son indulgence naturelle et la nécessité d'exercer un pouvoir qu'il sait intérimaire (et donc quelque part illégitime), entre les obligations du protocole et cette soif inépuisable de plaisirs libertins (évoqués par la Lanterne Magique de la Question) qui causeront sa perte. Autour de lui gravitent d'étranges personnages, eux-aussi fuyants, que ce soit le lubrique et manipulateur Abbé Dubois (Jean Rochefort, assez méconnaissable, d'une infinie élégance dans sa non moins infinie grossièreté), le comploteur Marquis de Pontcallec (admirable Jean-Pierre Marielle, dans un personnage tour à tour inquiétant et pathétique) ou, et surtout, la subtile mais incernable Emilie, prostituée mélancolique dévouée au Régent (la magnétique et bouleversante Christine Pascale, en Indice 2).
La force du cinéma de Bertrand Tavernier, à cette époque, réside incontestablement - et ceci est valable pour les autres films cités précédemment - dans son aptitude à dérouter le spectateur par de continuelles ruptures de ton, oscillant de manière imprévisible entre le loufoque et le tragique, entre le superficiel et le profond, entre le lumineux et l'obscur. En considérant la suite de sa carrière, on peut être tenté de lui reprocher ici une fin quelque peu démonstrative (évoquée par l'Indice 1, la mort de cet enfant annonçant la révolte populaire à venir) ; on s'en gardera bien, pour les raisons évoquées plus tôt, et on préfèrera souligner l'exigence scénaristique d'Aurenche et de Tavernier qui ferment leur film en l'ouvrant, tant émotionnellement qu'historiquement : film délicieusement cynique, profondément réjouissant et finement inquiétant, Que la fête commence incarne selon moi cet idéal de cinéma français, capable de soutenir son écriture ambitieuse par une mise en forme exigente et intelligente.
ed crane


3



Une affaire privée (Une affaire privée)
de Guillaume Nicloux (2002)
Le Poulpe avait donné le ton deux ans plus tôt, mais c'est en 2002, avec Une affaire privée, qu'éclate vraiment au grand jour le talent de Guillaume Nicloux, réalisateur doué, scénariste et dialoguiste hors-pair, et pour ne rien gâcher, grand directeur d'acteurs. La preuve avec un Thierry Lhermitte magnifique dans le contre-emploi d'une vie, mais aussi avec une épatante galerie de seconds rôles tous plus croquignolets les uns que les autres (Jean-Pierre Daroussin en échangiste blasé capture 1 - mais aussi Samuel le Bihan, Clovis Cornillac, Philippe Nahon, Aurore Clément, Frédéric Diefenthal, Bruno Todeschini, Jeanne Balibar, Niels Arestrup, Marion Cotillard, Robert Hirsch...). Comme dans le reste de ses (bons) films, ce n'est pas le scénario façon "petit malin" qui impressionne, mais bien cette capacité unique à installer une ambiance "à la Nicloux", soit quelque chose entre le polar poisseux, le spleen éthylique, la violence sourde et, petite touche personnelle mais indispensable, le détachement un rien rigolard. Car entre deux accès de violence, on rit aussi chez Nicloux. Un peu moins dernièrement, quand même, la faute à un Concile de Pierre de triste mémoire, que l'on espère accident de parcours plus que nouvelle voie pour l'un des talents les plus singuliers que le cinéma hexagonal ait accouché ces dix dernières années.
Margo


4



Road trip (Road Trip)
de Todd Phillips (2000)
Road trip est bien dans la veine de tous ces films pour ados attardés qui - souvent - possèdent de bons gags de temps en temps, et pas mal d'autres plutôt affligeants le reste du temps. C'est vrai que la plupart des teenages movies sont difficilement défendables mais pour celui-ci, je ne peux m'empècher d'éprouver une joie simple et primaire quand je revoie. Oui, mais qu'est-ce qu'il a de plus justement, vous demandez-vous ?
Et bien, c'est tout simple, ici, je trouve que pratiquement tous les gags sont réussis. Certains sont amenés tout au long du film pour mieux nous surprendre et nous faire rire quand ils arrivent (Tom Green avec la souris et le serpent) et d'autres s'enchaînent naturellement à un rythme trépidant. Todd Philips n'est pas qu'un faiseur sans relief comme sur la majorité de ces productions, il aime ce qu'il fait et ça se sent (hum, hum... et dans tous les sens du termes), il participe activement à l'écriture du scénario (et donc des gags) et on n'a pas l'impression une seconde qu'il ait honte de filmer ces ados dans des situations bien lourdingues ou dans des positions vraiment ridicules. Alors qu'il repousse le mauvais goût au-delà de la limite du respectable, ça passe comme une lettre à la poste et c'est vraiment marrant. Alors, si vous en avez marre de toujours rester sérieux et que vous avez envie de régresser un peu au point de faire ressortir des rires gutturaux d'homme de cro-magnon de votre thorax, ce film est fait pour vous !
L'étranger


5



Fudoh (Gokudô sengokushi: Fudô)
de Takeshi Miike (1996)
Rocka


6



Beau-père (Beau-père)
de Bertrand Blier (1981)
On connaît principalement Bertrand Blier pour ses audaces narratives et ses provocations en tous genres, pour sa vision particulière de la femme et du couple, pour ses dialogues lapidaires et ciselés déclamés par des comédiens survoltés, pour sa misogynie supposée (mais qui répondait à un autre forme d'extrémisme, alors que la société française se déchirait violemment sur les questions de mœurs), pour son surréalisme des situations de la vie quotidienne. Le Blier génial des Valseuses, de Calmos, de Préparez vos mouchoirs, de Buffet froid, de Tenue de soirée, de Merci la vie n'est pas exactement celui dont je veux parler ici, ou plutôt c'est de l'homme qui se dissimule tant bien que mal derrière l'humour corrosif et les provocations colorées contenus dans ces films. C'est l'homme, sensible, triste et angoissé, qui apparaît nu comme un ver dans Beau-père. Dans cette œuvre grave, splendide, et toute en délicatesse, Bertrand Blier raconte une histoire d'amour impossible entre un homme et sa belle-fille de 14 ans qu'il recueille par accident. Le personnage principal, joué par l'un des plus grands acteurs que notre pays ait jamais connu (voilà, ça c'est dit), j'ai nommé Patrick Deweare (Indice 2), est pianiste. Et Blier de broder en musicien virtuose un film qui avance par petites touches, toujours au bord du malaise et de l'obscène mais sans ne jamais y tomber. Car le cinéaste parle d'amour, de passion, de dérive romantique, de tentations naturelles dont il est conscient de la nature perverse chez ceux qui s'y complaisent. La véritable provocation, elle est là : et si cet amour entre ces deux êtres que tout devrait séparer était pur ? Et donc légitime ? Blier interroge sans cesse son sujet, et si le drame finit par survenir, le film ne donne pas de réponses toutes faites. Beauté de la réalisation en Cinémascope, beauté de la photo de Sacha Vierny, beauté de la musique de Philippe Sarde, beauté de la jeune actrice Ariel Besse (Question et Indice 1), Beau-père est un beau film sur un thème considéré comme graveleux, brillamment mis en scène par le maître es provoc' et poésie bite-poil-cul du cinéma français (qui lui doit une fière chandelle).
Roy Neary


7



La Couleur de l'argent (The Color of Money)
de Martin Scorsese (1986)
J'entends déjà les ronchons s'écrier : " Oui, Martin Scorsese, c'est magnifique, c'est génial, mais pourquoi ce film-là ? Oui, mais pourquoi ?! Pourquoi ??!! ". Déjà parce que c'est moi qui décide, et qu'une session FRCD sans Martin Scorsese est une session inachevée. Alors il ne s'agit pas de prendre un film au hasard pour faire figurer le nom du cinéaste vénéré. Non, car La Couleur de l'argent a été pour moi une sacrée claque dans la figure et une belle leçon de cinéma le jour où je l'ai découvert en salles en 1987. Bien sûr, à côté des nombreux chefs-d'œuvre que compte la carrière du maître, ce film fait un peu invité de la dernière heure, le genre qu'on assied tranquillement sur un strapontin pendant que les exégètes s'expriment en large et en travers sur l'avenir du cinéma moldave. Pourtant, le film de commande réussi est une caractéristique forte du cinéma hollywoodien, et Scorsese s'y inscrit parfaitement à son tour. Après une série de films originaux et somptueux mais qui ont fait un four au box office (Raging Bull, La Valse des pantins, After Hours), Marty accepte une commande et s'amuse avec. Eh bien oui, c'est son droit. Et quand la jouissance du cinéaste trouve un écho dans celle du spectateur, le pari est gagné. D'autant que le réalisateur cinéphile s'attaque à une suite d'un classique des années 60 (L'Arnaqueur de Robert Rossen) et fait rejouer le vénérable Paul Newman (Indice 2) qui reprend son rôle légendaire de Fast Eddy Felson. Le comédien racé au regard vif bleu argent n'a rien perdu de sa classe, son interprétation en vieux renard sur le retour qui retrouve goût à l'existence vaut tous les éloges du monde. A ses côtés, Tom Cruise (oui, les ronchons, je sais, blablabla…), suite au succès de Top Gun, fait ce qu'il sait faire de mieux : le jeune coq bravache et prétentieux qui se la joue winner… et ça marche ! Quel duo ! Et même quel trio ! Car une autre raison d'avoir choisi ce film, et de l'avoir placé judicieusement dans cette semaine olé olé, s'appelle Mary Elizabeth Mastrantonio (Question) que je tiens à remercier pour avoir fait frétiller le jeune corps d'adolescent que je possédais dans les années 80. Merci ma belle. Quant à Scorsese ? Eh bien, je l'ai dit, il s'éclate. Du générique (Indice 1) à la dernière scène du film (Hey, I'm back !), c'est un festival d'arabesques minutieuses, de plans dynamiques, de jeux sur les reflets, de raccords de montage éblouissants et de chorégraphie jouissive qui établit un "dialogue" entre la caméra et Tom Cruise. La Couleur de l'argent est une couleur qui vaut de l'or.
Roy Neary


8



Karas (Karas: The Prophecy)
de Kei'ichi Sato et Akira Takata (2006)
Harry Hausen


9



Gros Plan (Inserts)
de John Byrum (1974)
Le cas des acteurs n’ayant pas su faire le saut du parlant au muet a déjà été évoqué au cinéma, de façon plus ou moins dramatique, de ‘Sunset Boulevard’ à ‘Singin’ in the rain’ ; mais peu de films se sont penchés sur le sort des techniciens. ‘Inserts’ est l’un d’entre eux. Boy Wonder (Richard Dreyfuss) est resté bloqué à l’époque du muet. Vivant reclus, il s’est spécialisé dans le tournage de films pornographiques destinés à être projetés lors de soirées privées (Question), qu’il réalise dans sa propre maison (Indice 1), qui devra bientôt céder la place à une autoroute. Un jour, alors qu’il reçoit la visite de son producteur (Bob Hoskins) accompagné de son amie (Jessica Harper, indice 2), l’une de ses actrices est victime d’une overdose. La petite amie du producteur va bientôt la remplacer. Quoiqu’il soit tiré d’un scénario original, ‘Inserts’ ressemble à une pièce de théâtre : à part la séquence d’ouverture, il est narré en temps réel dans un décor unique. Et surtout, il repose pour l’essentiel sur ses dialogues – qui donnent aux acteurs l’occasion de réaliser de superbes performances. A l’arrivée, le film dépasse de très loin son postulat de base : loin d’être un film sur le milieu du X, il traite essentiellement des jeux de pouvoir, d’influence et de domination ; une œuvre qui questionne les moyens que l’on donne à ses ambitions.

Disponible en Z1 chez MGM, VOST.
Swan


10

 *


* Format imdb : 2.35:1
Sars Wars (Khun krabii hiiroh)
de Taweewat Wantha (2004)
Harry Hausen


11



Frances (Frances)
de Graeme Clifford (1982)
Dévoiler les formes de Jessica Lange (question) dans un film qui dévoile surtout un esprit rebelle et des sentiments exacerbés m'amusait un tantinet, je dois bien l'avouer. Mais cela me permettait aussi de poser le style art déco de années trente, époque à laquelle Frances Farmer aurait pu devenir la plus grande actrice de sa génération. Mais il était écrit qu'elle aurait un destin tout autre. Ce biopic retraçant sa vie, peu commune, et ses déboires, nombreux, est un des plus beaux portraits de femme libre, rebelle et déroutante qu'il m'ait été donné de voir. Car cette femme broyée par un système qui n'aime pas ce qui dérange, conteste, réfléchit ou simplement dépasse aura tout fait pour déranger, contester, réfléchir ou simplement dépasser. A telle enseigne que pour la faire taire, enfin, on la diagnostiquera schizophrène et on l'internera de force, ce qui donne lieu dans le film à une scène saisissante et glaçante (Indice 1). Alors certes la véracité historique du script est par certains points sujette à caution, notamment autour de sa lobotomie et du personnage interprété par l'intense Sam Shepard (Indice 2), mais retenons malgré tout la puissance et la force inébranlable de cette femme à se battre contre toutes les hypocrisies et à regarder le monde tel qu'il est et non tel qu'Hollywood aime à nous le montrer.
D'ailleurs penser que Jessica Lange n'a pas été honorée par les Oscars pour cette performance peu commune, zénith d'une carrière pourtant fournie, clame haut et fort que cette vénéneuse institution est vraiment le règne du grand n'importe quoi et je me joins in utero au regretté kurt pour brailler en retour avec lui Frances Farmer will have her revenge on Seattle !
Pasco Meisner


12



Bad Boys II (Bad Boys II)
de Michael Bay (2003)
Harry Hausen


13



Fight club (Fight Club)
de David Fincher (1999)
Grand classique des débats de forums, Fight Club a sûrement fait couler plus d'encre (virtuelle) que la bataille d'Hernani en son temps. Victor Hugo - David Fincher, les esprits chagrins diront que notre époque a les artistes qu'elle mérite, et pourtant il y a dans le débat qui entoure et a entouré le film (on se souviendra des Cahiers du cinéma qui, en leur temps, avaient qualifié le film de fasciste) une passion peu commune dans la cinéphilie récente. Soulevant plus de questions esthétiques qu'éthiques (il faut croire qu'aujourd'hui encore, on n'est pas impunément un ex-clippeur), le quatrième long-métrage de David Fincher a d'ailleurs souvent été mal interprété, les pourfendeurs de Fight Club prenant le film sous l'angle du manifeste générationnel quand il n'est en fait qu'une comédie noire ultra sophistiquée. Il est amusant de lire ainsi, sur la page Wikipedia du film par exemple, combien nombre de ses spectateurs croient encore que le film prône quelque chose, ou qu'au contraire il se pose en brûlot anarchiste. Non, Fight Club n'est qu'un simple film. Une comédie, violente et âpre, maline et magnifiquement mise en scène, et qui pose les jalons d'un talent que la presse semble découvrir avec le magnifique et récent Zodiac.
Margo


14

 *


* Format imdb : 1.85:1
Antonia et ses filles (Antonia)
de Marleen Gorris (1995)
Qui a vu Antonia, le féministissime film de Marleen Gorris, se souvient forcément de cette scène de pieds au mur après l'amour (question), qui, sans vouloir déflorer le film, est plus surprenante encore en situation qu'il n'y paraît ici ! Ode à la féminité rebelle et assumée comme telle, ce film est sans conteste un manifeste poignant, drôle et profond sur le statut de la femme dans la société hollandaise rurale (mais le constat est exportable et citadinable) à travers le 20ème siècle. Rien de moins. De femmes fortes (saisissante Willeke van Ammelrooy en indice 1) – trop ? – en femmes intelligentes – trop ? -, en passant par des femmes libres et libérées bien qu'indécrotablement romantiques – trop ? – à se rêver Naissance de Venus (Indice 2) en présence de l'être aimé (et pas n'importe lequel mais je ne vous en dis pas plus), le portrait de ces trois générations de femmes qui vivent en matriarcat assumé est si finement campé, fortement ciselé et intrinsèquement original qu'on en viendrait presque à se rêver femme soi-même (enfin surtout moi qui le suis assez peu, en fait).
D'ailleurs penser qu'Antonia a obtenu la statuette chauve et convoitée du meilleur film en langue étrangère clame haut et fort que cette vénérable institution est vraiment le règne de la clairvoyance ! Et je me joins à elle pour vous recommander chaudement cette fresque épique.
Pasco Meisner


15



Perdita Durango (Perdita Durango)
de Alex de la Iglesia (1997)
Rocka