Les Glanches versent le dernier sang

La semaine est terminée



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La bête de guerre (The Beast of War)
de Kevin Reynolds (1988)
Oui, joueur invétéré du FRCD, aussi incroyable que cela puisse sembler aujourd'hui, je te l'assure, Kevin Reynolds eut une première vie durant laquelle il fit de bons, voire d'excellents, films. Dingue ! Quel Starfixien de base n'a pas attendu (des années parfois) de voir l'enthousiasmant Fandango ou le terrifiant Bête de Guerre !?
You can't be a good soldier in a rotten war car tu y laisseras reconnaissance, amitié, honneur, vie et surtout âme. Réflexion melvillienne sur l'obsession folle d'arriver à un but absurde perpétuellement hors d'atteinte quel qu'en soit le coût, cette bête de guerre dévoile dans une économie d'effets et de moyens propice à une vraie énergie narratrice l'inextricable situation où toute humanité vient nécessairement se perdre en temps de guerre. Et tout ça pourquoi ?
Reynolds nous scotche au fauteuil en mettant superbement en images l'acuité du discours de William Mastrosimone qui adapte au cinéma sa propre pièce de théâtre.
Car, noire vision du monde, chacun l'aura compris, dans votre film comme partout, monsieur Reynolds, toujours le mal triomphe. Enfin, tout du moins, tank il y aura des hommes !
Pasco Meisner


2



Le Dernier Train de la nuit (aka La Bête tue de sang froid) (L'Ultimo Treno della notte)
de Aldo Lado (1975)
Remake quasi avoué et à mon sens plus réussi de La Dernière Maison sur la gauche, réalisé trois ans auparavant, Le Dernier Train de la nuit reprend une trame similaire : à Noël, deux étudiante quittent l’Allemagne pour retrouver leur famille en Italie. Dans le train de nuit (Indice 1 – eh oui, pas de FRCD sans poignée de porte, mais là il s’agissait d’un indice), elle rencontrent deux garçons qui, sous l’influence d’une séductrice incarnée par Macha Méril (Indice 2), vont les violer et les assassinées. A l’arrivée, ils se retrouvent dans la propriété de la famille d’une des victimes qui, en comprenant ce qui s’est passé, va exercer une sanglante vengeance (Question). Exemple type du film de vengeance et de façon plus globale du très violent cinéma d’exploitation italien des années 70, Le Dernier Train de la Nuit est une petite perle de sadisme à découvrir impérativement.

Disponible dans une belle édition Zone 2, VOST.
Swan


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* Format 1.66 sur Imdb
*** Format 1.66 sur Imdb
Frantic (Frantic)
de Roman Polanski (1988)
Dans les années 1960, un jeune cinéaste polonais formé dans la fameuse école de Lodz fait sensation alors que beaucoup de pays européens connaissent des nouvelles vagues cinématographiques qui tendent à révolutionner le cinéma. En l'espace de quelques films importants (Le Couteau dans l'eau, Répulsion, Cul-de-sac, Le Bal des vampires), l'étrangeté, l'humour noir et surréaliste, l'ironie mordante, la dérision, le non sens de nos existences, prennent une forme nouvelle sous le regard amusé et incroyablement créatif de Roman Polanski. Les Etats-Unis ne tardent évidemment pas à faire appel à lui, et la leçon de cinéma continue de plus belle : Rosemary's Baby, Macbeth, Chinatown. Polanski excelle dans tous les genres et dans toutes les contrées. Le retour en Europe, après ses drames personnels outre-Atlantique, se traduira par des merveilles comme Le Locataire et Tess. Mais pour ce véritable génie, le tournant des années 1980 se révèle particulièrement délicat. Pourtant, à côté du désastre commercial que fut Pirates (un film bancal, mais intéressant à bien des égards), figure un polar plutôt original, un film d'atmosphère comme sait si bien le trousser Polanski. Bien sûr Frantic n'est pas un film totalement réussi ; par exemple le scénario part un peu à vau-l'eau, surtout vers la fin avec la résolution de l'énigme (Indice 2 : Emmanuelle Seigner en bas de la réplique de la Statue de la Liberté sur la Seine). Mais le voyage trouble et cauchemardesque effectué par ce médecin américain qui perd mystérieusement sa femme à Paris (formidable composition de Harrison Ford au passage) vaut sacrément le coup d'œil. Chez Polanski, aucune situation n'est absolument définie, tout est matière à faire surgir le danger et l'étrangeté (Question) émanant de l'environnement urbain et des personnages qui le traversent (la capitale française est magnifiquement filmée par le réalisateur, loin des clichés habituels, entre ultra réalisme et rêve éveillé). Bercé par la musique récursive et entêtante d'Ennio Morricone (Indice 1), Frantic suit l'enquête difficile d'un homme aux abois, ballotté aux quatre coins d'un Paris interlope, bien plus victime des événements que maître de sa destinée car entraîné dans un labyrinthe typiquement "polanskien" dont la sortie ne peut se faire que par une pirouette. Frantic, un film à réévaluer d'urgence !
Roy Neary


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La peur au ventre (Running Scared)
de Wayne Kramer (2006)
Le film de Wayne Kramer peut être vu comme un immense hommage au cinéma policier des années 90, puisqu'on y retrouve pas mal d'effets de mise en scène des films qui ont marqué cette décénnie, de ceux de Tarantino à ceux de Guy Ritchie en passant par le Usual Suspect de Singer. Le film aurait pu s'arrêter en restant un simple plagiat, efficace et honnête, mais Wayne Kramer a su digérer ces influences et il n'hésite pas y insérer sa propre vision du polar hard-boiled. Il réussi même à rendre intéressant le fade Paul Walker en l'entourant d'une pléiade de seconds couteaux, tous plus déjantés les uns que les autres, ce qui nous donne un film avec des scènes variées et surprenantes qui s'enchaînent avec un rythme soutenu.
On ressort du film avec le sentiment d'avoir dévoré un festin de scènes anthologiques. Alors que certains spectateurs seront délicieusement repus, malheureusement d'autres seront au bord de l'écoeurement. En tout cas on ne peut qu'attendre avec une réelle impatience son prochain film - Crossing over - ne serait-ce que pour son casting de folie, jugez plutôt : Harrison Ford, Sean Penn, Ray Liotta et Ashley Judd !
L'étranger


5



Le Cid (El Cid)
de Anthony Mann (1961)
Le tournant des années 1960 marque la fin de la période dite de l'âge d'or hollywoodien. L'un des genres les plus populaires de "l'usine à rêves", la superproduction historique, déploie aussi ses derniers feux. La catastrophe commerciale du Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz lui donnera bientôt le coup de grâce. Un autre cinéaste de génie, Anthony Mann, un pur formaliste, va en deux films successifs (Le Cid et La Chute de l'Empire Romain) enterrer le genre avec somptuosité, intelligence et grâce. La destinée dramatique (politique et amoureuse) de Rodrigo Diaz créé par Corneille, brillamment co-adapté par le grand scénariste Philip Yordan (La Maison des étrangers, Johnny Guitar, The Big Combo, L'Homme de la plaine, Le Roi des Rois), un collaborateur fidèle de Mann, prend forme sous la direction méticuleuse d'un réalisateur pour lequel chaque élément de l'image tient une importance considérable et donne à ressentir la psychologie des personnages. Le talent, l'originalité, la précision et l'ambition démontrés par Anthony Mann dans ses films noirs et ses chefs-d'œuvre du western se retrouvent dans Le Cid, avec une solennité supplémentaire qui sied parfaitement à ce type d'intrigue, entre récit historique et tragédie intime. Soutenu par une musique puissante et si romanesque (Indice 1) du spécialiste du genre Miklos Rozsa, ce film sombre, torturé (Question : le prince Alfonso - joué par John Fraser - emprisonné par son frère) et épique met en vedette Charlton Heston dans l'un de ses plus beaux rôles, lui si habitué à incarner nombre de figures légendaires pendant une décennie. A ses côtés, la sublime Sophia Loren interprète Chimène, se promenant tristement dans des décors gigantesques et fabuleux (Indice 2) qui semblent construits pour mettre en valeur sa solitude et sa détresse. On peut préférer Le Chute de l'Empire Romain pour les thèmes qu'il traite si intelligemment et sa magnifique gestion des espaces intérieurs, mais ce Cid fait incontestablement partie de ce que Hollywood a produit de meilleur dans le genre.
Roy Neary


6



Vivre pour survivre (Vivre pour survivre)
de Jean-Marie Pallardy (1984)
Entendons nous bien, que tous ceux qui s’attendent à voir une série B carrée bien foutue, que les fans des deux stars de séries Z venues se perdre sur ce projet (Robert ‘The exterminator’ Ginty (Indice 1) et Fred ‘Black Caesar ‘ Williamson(Indice 2)) passent leur chemin, ils ne trouveront pas ici ce qu’ils cherchent. Vivre pour survivre est un film raté de A à Z, je ne comprend même pas comment à un moment donné des gens on pu y croire, j’avoue que cela me fascine. C’est d’ailleurs ce ratage qui en fait son plus grand intérét. Par contre vous aimez les films psychotroniques, si vous aimez rire devant les films sérieux, si vous aimez voir dans un film ce que le réalisateur n’a même pas conscience, ce film est pour vous. Ce film est le summum du genre. La séquence d’ouverture pose les bases pour ce que sera tout le film, ralentis à côté de la plaque, musique bontempi du meilleur goût, montage ahurissant, un choix de plans toujours approprié. Rien ne vous sera épargné comme le montre l'image choisie en question par exemple.
Le dvd ne nous propose que la vf, mais celle-ci donne toute sa mesure au film, en effet tous les dialogues, je dis bien TOUS les dialogues sont d’anthologie. Du « C’était le mère » à « Dommage que tu sois ma sœur », chacun d’entre eux mettra un peu de bonheur dans votre vie. Ces dialogues ne seraient pas non plus grand chose, si ils n’étaient pas au service d’un scénario du même niveau, incohérences, improbables, ridicules sont les mots qui viennent à l’esprit à la vision de certaines séquences. Mais contrairement à beaucoup de films, le jusqu’au boutisme de Pallardy apporte un ton unique à son film.
D’ailleurs si vous n’avez pas compris les tenants et aboutissants du film, ni maîtrisé l’intrigue, c’est normal, je pense que nul être sensé ne le peut. Un bijou pour connaisseurs sans aucun mépris. Rendons hommage au morceau titre du film qui est un diamant à lui tout seul.
Rocka


7


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** Format IMDB 1.85
Le sang du chatiment (Rampage)
de William Friedkin (1988)
Dans la grande galerie des films maudits réalisés par William Friedkin, Rampage tient une place à part. On peut considérer qu'on a là un véritable film schizophrène, en effet remonté au grés des avis sur la peine de mort de Friedkin, le même film réussi l'exploit d'être soit pro-peine de mort soit anti selon le montage. La grande force de Friedkin, c'est que les deux montages s'avèrent de qualité équivalente. Aprés il faut faire abstraction du fond, mais ce véritable excercice de style nous permet de nous interroger sur ce que nous dit un film. Film rare, difficile à trouver Rampage est une pièce maitresse de l'oeuvre de William Friedkin. En question, la splendide musique composé par Ennio Morriconne, un indice 1 typiquement dans la thématique sanglante de la semaine lors de la terrifiante séquence de découverte du repère de Reece, et pour finir Michael Biehn en procureur acharné.
Rocka


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La femme Scorpion (Joshuu 701-gô: Sasori)
de Shunya Ito (1972)
Nous sommes nombreux, parmi les vieux cons (et ce, outrance originelle, sans avoir attendu le blanc-seing d'un quelconque réalisateur hype) à vanter le cinéma d'exploitation des années 70 voire même à nous en revendiquer, et nous avons bien raison !, car quelle décennie peut se targuer d'une telle inventivité ? Et celui qui est le plus créatif (de cinéma) et peut-être le moins connu (heureusement de moins en moins grâce, entre autre, au sus-dit réalisateur) c'est bien le cinéma japonais dont l'exploration ne cesse de mettre en lumière de nouvelles perles visuelles ou scénaristiques tant dans les films d'auteurs que dans les films d'exploitation (peut-être même plus dans ces derniers, pression du studio et censure oblige).
Entre pinku et WIP (mais ni réellement l'un ni réellement l'autre), la série des Joshuu Sasori, et principalement le triptyque formé par ses trois premiers épisodes, s'inscrit parfaitement dans cet effort : dépasser la commande du studio (ici la Toei qui décide d'adapter le manga de Tooru Shinohara pour la somptueuse Meiko Kaji tout juste échappée d'une Nikkatsu virant trop pinku à son goût) pour faire un film marquant. Et marqué nous le sommes par la seule présence de l'enchanteresse (Indice 2) mais aussi par le soin apporté par Shunya Ito à radicaliser le propos vers un féminisme vengeur et à expérimentaliser une réalisation pop et sophistiquée (indice 1). On est en droit de préférer le second volet mais j'avais envie de rendre hommage en ces lieux au film fondateur de la série et du mythe sauvage et venimeux de Meiko Kaji. Voilà qui est fait !
Pasco Meisner


9



Frankenstein created woman (Frankenstein created woman)
de Terence Ficher (1967)
Pour plein de raisons, et sans trop rentrer dans le détail, le mythe de Frankenstein est mon histoire de monstre préférée (ne serait-ce que dans la façon dont les rapports de monstre et de victime oscillent en permanence entre le Créateur et sa Créature), et si elle a déjà été moultes fois adapté au cinéma, c'est évidemment chez Universal (avec les deux films de James Whale) et chez la Hammer (même si le premier épisode, avec Christopher Lee et sa tarte au chewing-gum sur la tronche, est dispensable) qu'il faut chercher les versions les plus intéressantes, quoique Jim Sharman ou Mel Brooks en aient livré des versions plus libérales tout à fait incontournables... Cependant, les approches chez ces deux Studios diffèrent radicalement, dans le sens où, chez Whale, la Créature immortalisée par Boris Karloff occupait une place centrale, le drame se concentrant sur son pathétique et désespéré besoin d'humanité... Pour la Hammer, l'objectif, on le voit dès le premier film (dans The Curse of Frankenstein, la Créature n'apparaît que dans les derniers instants, et pas de manière spécialement heureuse), est tout autre, et il ne s'agit pas spécialement d'insister sur la dimension "victime" de la Créature, mais bien sûr celle monstrueuse du Créateur, le Baron sadique sublimement incarné dans chacun des épisodes par le génial Peter Cushing, tout en respectant les conventions (sang, sexe et humour) du Studio. Si on peut considérer The Revenge of Frankenstein (deuxième épisode) comme le meilleur de la série, ce Frankenstein created woman (le quatrième) n'a absolument rien à lui envier, tant par sa beauté visuelle (bon, faut aimer le style Hammer, c'est sûr) que par son infinie cruauté dans le traitement infligé à ses personnages.
Le petit Hans assiste donc, enfant, à l'exécution de son vaurien de père (Question), ce qui le traumatise. Devenu adulte, il tombe amoureux de Christina, une jeune aubergiste défigurée, qui se trouve être la victime des railleries permanentes d'arrogants freluquets. Accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis et victime de la réputation de son père, Hans est à son tour exécuté, sous les yeux de Christina, qui se suicide alors de chagrin. Heureusement, le bon Baron, qui n'attendait qu'une occasion de renouveler ses expériences, récupère les corps, et donne naissance à une créature hybride, unissant le corps réparé de Christina et le cerveau d'un Hans avide de revanche. L'ambivalence de cette Créature la rend tout à fait à part dans la mythologie frankensteinienne, et en fait incontestablement l'une des plus passionnantes, en mêlant la sensualité du corps de Susan Denberg (indice 2, avec Peter Cushing à l'arrière-plan) à la sauvagerie vengeresse d'Hans, association qui vaut au film des moments inouis de tension à la fois sexuelle et meurtrière, comme la scène au hachoir évoquée par l'indice 1. Marqué qui plus est par cet humour noir typiquement hammerien, par l'élégance sinistre de Peter Cushing et par la mise en scène constamment inventive de Terence Fischer - qui aura tourné en quelques jours ce film à la suite, et dans les mêmes décors que ceux de The Horror of Dracula - Frankenstein created Woman est une pépite, délicieusement morbide, que tout amateur du genre ne pourra négliger !
ed crane


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Trois couleurs: Rouge (Trois couleurs: Rouge)
de Krzysztof Kieslowski (1994)
Margo


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* Format 1,85:1 selon Imdb
Le Vieux Fusil (Le Vieux Fusil)
de Robert Enrico (1975)
Difficile pour moi d'évoquer ce film sans avoir des frissons qui parcourent mon échine... Malgré tout, s'il faut, sans en dévoiler trop, consentir quelques mots sur ce que je considère être l'un des plus puissants films de l'histoire du cinéma français, ce ne sera pas trop pour insister sur l'indicible horreur de cette histoire incroyablement traumatisante, mais plus pour louer les qualités d'une oeuvre poignante, portée par l'extraordinaire interprétation d'un Philippe Noiret au sommet de son art de la nuance, incarnant avec une subtilité sidérante ce personnage déroutant, qui oscille entre la tristesse infinie et la folie, entre la fragilité du désespoir et la sauvagerie de l'irraison (à noter qu'au départ, Robert Enrico avait envisagé confier le rôle à Lino Ventura). Dans un décor quasi-unique aux mille et un recoins se déroule ainsi une course-poursuite contre la mort dont personne, surtout pas Julien, ne sortira indemne, montée en alternance avec les souvenirs de cette vie passée à jamais perdue, contrepoint désespérant d'un présent inextricable. Alors j'aurai pu vous imposer une image atroce (encore plus atroce que celle choisie en Question) illustrant cette horreur guerrière, cette inexcusable barbarie, mais j'ai préféré, outre le souvenir donnant son titre au film (Indice 1), opter pour le sourire rayonnant d'une Romy Schneider lumineuse, éblouissante, dont la beauté disparue justifie à elle seule la plus dévorante des mélancolies. Elle est le charme ultime d'un film sublime, inoubliable, éternel, dont il me semble impossible de sortir indemne...
ed crane


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Silmido (Silmido)
de Woo-Suk Kang (2003)
Le cinéma coréen n'est pas étranger à la bonne qualité des productions asiatiques qui émergent sur notre continent à l'aube de ce 21ème siècle, car si ce pays est souvent resté à la traine du Japon ou de Hong-Kong, depuis quelques années, il renverse la vapeur en n'hésitant pas à égaler, voire même à surpasser ces farouches concurrents en nous offrant des oeuvres riches et ambitieuses. Et oui, car depuis quelques temps, les cinéastes coréens n'ont plus peur d'explorer la face sombre de leur pays, notament cette guerre fratricide qui déchire son peuple depuis plus d'un demi siècle. Un thème récurrent qu'on retrouve dans tous les styles de productions: amour, guerre, aventures, policier, drame ou action.
Silmido nous compte un épisode peu glorieux de la Corée du sud - dite démocratique - qui créa un commando, constitué de condamnés, qui devait passer la frontière et aller assassiner le président (dictateur) nord-coréen. Malheureusement, suite à une politique d'apaisement entre les deux gouvernement, le commando fût sacrifié par les autorités et le dossier enterré afin que personne n'entende jamais parler de cette opération.
Heureusement, à la vue du scénario, le film n'est pas qu'un long métrage dramatique sur le sacrifice de ces hommes, car s'il n'hésite pas à tirer sur la corde sensible à certains moments et à nous apitoyer sur le sort de ces héroïques soldats, il n'hésite pas non plus à nous fournir son lot d'action et de scènes épiques, tout en restant ludique dans la lignée de tout bon film de commando - style Les douzes salopards.
Bref, le cinéma coréen est vraiment à suivre de près car il est rempli de bonnes surprises, il arrive à faire des films d'actions populaires avec des sujets déliquats, tout comme il arrive à nous pondre des films subtiles et dramatiques avec des sujets bien plus léger.
L'étranger


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Zombie King and the legion of doom (Zombie Beach Party)
de Stacey Case (2003)
Harry Hausen


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Vorace (Ravenous)
de Antonia Bird (1999)
Antonia Bird est une réalisatrice inclassable. Au fil d'une carrière qui oscille entre télé et cinéma après des débuts théâtreux, elle parsème ma cinématographie de gemmes trop rares. De Priest à Ravenous via Face, qui peut se targuer d'une filmographie, dans le policé cinéma moderne, aussi éclectique que passionnante ? Alors certes elle a débarqué sur Vorace pour des raisons qui n'étaient certainement pas les meilleures (elle remplace, alors qu'elle avait initialement refusé le projet, de par ses relations amicales et professionnelles avec Robert Carlysle, le réalisateur original viré au bout de deux semaines) mais qu'importe, elle a fait de cette série b a priori plate un bijou ironique et glaçant, dérangeant et drôle, de ces films qui passent devant vos pupilles mine de rien mais restent curieusement accrochés à votre rétine à vous imprimer indélébilement la cornée, la musique cosignée Damon Albarn et Michael Nyman n'y étant certainement pas pour rien (et avouez qu'une musique puisse à la fois imprimer la cornée, s'accrocher à la rétine ou passer devant les pupilles, c'est rare, ce qui fait de Vorace un film d'autant plus précieux !). Partant d'un scénario signé Ted Griffin, plus subtil que son sujet ne le laisse penser, réflexion distanciée sur la condition humaine, l'héroïsme et la lâcheté, la guerre et ses dérèglements, abordant frontalement un des rares tabous encore vivace (Question), télescopage de genres, effet scénaristique ici payant, pour un résultat délicieux, relevé par un casting inattendu (dont l'excellent comenkilsapel Neal Mc Donough qui campe un personnage délicatement déjanté, indice 1, ou l'impeccable Robert Carlyle, indice 2, âme damnée d'un Guy Pearce subtilement veule et complexe) et pimenté par une mise en image rigoureuse mais toujours surprenante, cet OFNI donne faim de projets décalés et inattendus au sein d'une industrie diabétique de conformisme et gavé de déjà vu. Madame Bird, vous êtes un chef (en français dans le texte). À table !
Pasco Meisner


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* Format imdb : 1.85:1
New York ne répond plus (The Ultimate Warrior)
de Robert Clouse (1975)
Voilà typiquement le genre de film que j'ai fantasmé pendant des années, depuis qu'un copain de classe avait eu la chance de le voir et m'avait raconté cette folle histoire post-apocalyptique. Il m'a fallu attendre une petite vingtaine d'années avant de pouvoir enfin le découvrir, certes, mon impatience n'était pas si primordiale que ça, mais quand je suis tombé dessus en feuilletant les programmes du satellite, les anecdotes qu'on m'avait racontées sont remontées à la surface et la furieuse envie de le voir, que j'avais eu ado, m'a soudainement repris. Bon, ce ne fut pas la découverte du siècle, car certains côtés du film peuvent paraître un peu kitsch, mais le plaisir était bien là ! Voir Yul Brynner, expert en arts martiaux, se battant sauvagement avec une bande de loubards mad-maxiens avec juste son petit couteau, si ça ne vous donne pas envie, ça ! A ce propos, le titre original - The ultimate warrior est bien plus percutant.
On retrouve dans le film un thème important du cinéma de genre japonais ou italien : le sacrifice ou la mutilation du héros qui pourtant paraîssait invincible. Ici, notre guerrier n'hésite pas à se couper la main pour survivre à une mort imminente (première photo), il sacrifie donc cette main (/arme) qui faisait de lui un redoutable combattant, et se retrouve donc débarrassé de son statut de nouveau messie pour redevenir un homme ordinaire...
Yul Brynner dans son rôle de guerrier ultime est sacrément charismatique et le côté animal qu'il dégage dans son regard fait merveille, d'ailleurs son personnage m'a rappelé celui de Snake Plissken (New York 1997 and co). Dans les seconds rôles, on retrouve Max Von Sydow, impeccable, et ce bon vieux William Smith (le père de Conan le barbare) en méchant de service, tout en muscle et en sauvagerie.
En fait, ma seule vraie deception, c'est le choix du réalisateur Robert Clouse, qui n'est selon moi pas du tout à la hauteur du sujet.
L'étranger


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Murder à la Mod (Murder à la Mod)
de Brian De Palma (1968)
C’est logique, j’a commence avec du De Palma, je termine avec du De Palma, mais pas forcément le plus courant, en l’occurrence son deuxième long métrage. Financé pour la moitié par un producteur à qui on avait promis un film érotique, Murder a la Mod est un film à part : divisé en trois parties, il raconte le meurtre d’une actrice (Question) sous trois points de vue différents. Le premier est celui de la victime, servi par de longs travellings. Le second reprend l’histoire depuis le début façon Hitchcock, déjà (Indice 1), tandis que le troisième montre le meurtre du point de vue de l’assassin, campé par William Finlay (Indice 2), sur un ton plus burlesque, avec montage resserré et accélérés à la clé. Un film à la fois expérimental et ludique, qui laisse deviner une partie de l’ouvre à venir. Sorti en double programme avec ‘Secret Cinema’ de Paul Bartel, il resta quinze jours à l’affiche avant de disparaître. Je l’ai découvert pour ma part lors de la rétrospective de Beaubourg, apparemment dans la copie personnelle de De Palma prêtée pour l’occasion. Heureusement, grâce à un petit miracle éditorial, ce film étonnant est aujourd’hui visible en DVD.

Disponible en DVD Zone 1 sans sous-titres.
Swan


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Eastern Condors (Dung fong tuk ying)
de Sammo Hung Kam-Bo (1986)
Harry Hausen


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Little Big Man (Little Big Man)
de Arthur Penn (1970)
Dans une session glanchesque qui aura fait une certaine part aux westerns, divers et variés (et encore, certains ont été éjectés au dernier moment), il allait de soi que je devais apporter ma pierre à l'édifice, mais tant qu'à faire, avec un film atypique, l'une de ces oeuvres ambitieuses mais dérangeantes dont les années 70 nous ont régalé aux Etats-Unis.
Signé du grand Arthur Penn (auquel notre session a déjà rendu hommage), cette espèce de conte initiatique alterne constamment les registres, en oscillant entre la description ethnologique étoffée et la comédie loufoque, entre le film historique et le mélodrame tragique... Ces changements de registre, s'ils déroutent, obéissent à la logique fragmentée de la restitution des souvenirs de Jack Crabb, centenaire prétendant être le seul survivant blanc de Little Big Horn (quand il est admis dans l'imaginaire collectif américain que cette défaite de Custer - Indice 1 - n'aura laissé aucun survivant), ce qui en fait un troublant personnage, autant le dépositaire d'une mémoire à même de bousculer les idées préconçues (notamment la vision de l'Indien) qu'un affabulateur s'inventant une auto-mythologie, à la manière d'un Baron de Munchhausen (rien à voir avec notre éthyloglanche favorite) du Far-West. Evidemment, le film est à mettre en perspective avec la situation socio-géo-politique des Etats-Unis des années 70, et notamment pour cette remise en cause d'une conscience collective fondée sur des icônes biaisées (Custer donc, ou Wild Bill Hickock proposé en Question). Lyrique et désabusé, cocasse et cruel, naïf et cynique, tendre et violent, Little Big Man est un grand film protéiforme, à la complexité structurelle et thématique rendant chaque vision plus passionnante encore, soutenue qui plus est par une grande force visuelle et une remarquable interprétation collective.
ed crane


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* Format IMDB 1.85
School on fire (Xue xiao feng yun)
de Ringo Lam (1988)
Rocka


20



A cause d'un assassinat (The Parallax View)
de Alan J. Pakula (1972)
Margo


21



8 Mile (8 Mile)
de Curtis Hanson (2002)
Margo


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Arrivederci amore, ciao (Arrivederci amore, ciao)
de Michele Soavi (2006)
Ultime mais pas moindre film proposé par votre serviteur lors de cette session, en forme de chant du cygne, il fallait, afin de ne pas jurer avec l'ensemble, clore les débats sur une fable politique noire et nihiliste.
L'idéaliste politique romantico-engagé dans la lutte armée d'hier (celui que glorifie Romanzo Criminale), jugé par l'histoire, trahi, exilé, abandonné, revient trente ans plus tard avec pour seul héritage du dégoût inspiré par sa propre vie, l'objectif de devenir respectable. Il atteint d'ailleurs le nirvana des sociétés capitalistes : il sera LE monsieur tout le monde de la classe moyenne ! Mais ce faisant, il se mue en monstre. En se petit-bourgoisisant, il (re)devient corrompu, brutal, bas ! En un mot, un salaud !
Il n'est plus ici question d'idéal mais de consommation, de révolution mais de fric, de lendemains qui chantent mais de frigos qui font des glaçons. Le constat est terrible, la société rêvée des années 70 a débouché sur une société libérale corrompue et gangrenée de l'intérieur. Celle de Berlusconi, la notre !
Quel constat ! Quelle gifle ! Quelle désillusion ! "No pasarán !" est devenu "Son pasado !".
Mais la vraie puissance du film, c'est que loin de se laisser aller à platement illustrer le livre de Massimo Carlotto, Michele Soavi enrobe son discours d'images déroutantes et merveilleuses à la facture sublime et/ou grotesque ; sublime comme d'innombrables moments virtuoses de mise en scène et de montage (vous avez échappé de justesse à l'alternance crocodile, pouce, visage d'Alessio Boni qui ouvre le film dans la semaine raccord) ; grotesque comme la scène du procès (indice 1). Après 12 ans d'absence, Soavi nous revient et sa réalisation, après l'éblouissant Dellamorte, est à la fois glaçante et enthousiaste, complexe et laconique, magnifique. Elle est Le cinéma ! Votre film, monsieur Soavi est mon plus grand coup de cœur depuis bien longtemps mais aussi mon plus terrible coup à l'âme.
Pasco Meisner


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Josey Wales hors la loi (The Outlaw Josey Wales)
de Clint Eastwood (1976)
Pour terminer cette session "glanchienne" qui a vu réunir, comme joueurs puis organisateurs, une bande de "rascals" cinéphiles aux goûts parfois antagonistes mais toujours sûrs, il n'y avait pas de meilleur choix que de faire appel à ce bon vieux Clint qui fut maintes fois représenté ici. Car qui mieux que cet artiste de légende peut faire le lien entre le classicisme et la modernité pour nous, les Glanches, dont les membres vénèrent autant les veilles bobines que les films contemporains ? Et Clint Eastwood, par son histoire et son parcours, symbolise le mieux le passage de témoin entre les époques. Fils spirituel de Griffith, Ford, Leone et Siegel, l'acteur réalisateur est le dernier géant du Hollywood ancienne manière que l'on chérit tant et incarne toujours aujourd'hui le cow-boy ultime, celui qui parle du temps présent en convoquant les images et les figures du passé. Le western, genre noble si l'en est malgré les réécritures successives qu'il a faites de l'histoire des Etats-Unis, constitue un reflet (la plupart du temps indirect, mais souvent juste) des interrogations existentielles d'un pays dont les changements sociaux et moraux se produisent à vitesse grand V. Les années 1960, après les audaces formelles et narratives de quelques pionniers (Anthony Mann, Robert Aldrich, Samuel Fuller) dans la décennie précédente, ont vu le western littéralement exploser et manifester une vitalité nouvelle en prenant à bras-le-corps la mauvaise conscience américaine. Clint Eastwood est l'héritier de ces bouleversements (il en est d'ailleurs l'un des symboles... grâce au western spaghetti). Eastwood est un conservateur forcené, mais il a su intégrer dans son cheminement d'homme et de cinéaste les questions d'ordre éthique qui concernent l'édification de son pays et sa violence intrinsèque. Dans Josey Wales hors-la-loi, film débuté par Philip Kaufman avant son renvoi pour "divergences artistiques", Eastwood incarne un fermier devenu ange exterminateur suite au massacre de sa famille dans les derniers temps de la Guerre Civile. Toujours aussi minéral dans ses expressions et son regard (le très gros plan de l'Indice 2), il balade sa grande carcasse de vengeur presque désincarné, portant sur lui la douleur et la brutalité d'une existence détruite, et sème la mort autour de lui (Question et Indice 1). Mais l'intelligence du film est d'amener le personnage à rebâtir une communauté grâce à son association avec d'autres êtres à la dérive. Ironie de l'histoire, c'est un vieil indien philosophe (Chief Dan George) à l'humour pince-sans-rire qui l'initie indirectement à ces changements. Le confédéré devenu hors-la-loi par son choix de vie retrouve goût à la vie, à l'image de cette Amérique cruelle, violente, indomptée et foncièrement injuste qui ne cesse de secréter des anticorps pour combattre ses démons et défendre ses valeurs positives. Josey Wales hors-la-loi reste encore aujourd'hui l'un des meilleurs films d'Eastwood. Merci Mr Clint !
Glanches